Toronto Nights à l’Alliance française: cherchez l’humain

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Publié 12/05/2009 par Guillaume Garcia

En résidence artistique à Toronto en septembre 2008, la photographe suisse Anna-Katharina Scheidegger a dirigé son objectif vers les hauts bâtiments du centre-ville, éléments les plus excitants pour une européenne peu habituée à de tels édifices. De tours froides, l’artiste photographe en a fait des lieux où l’on recherche la vie, avec un penchant voyeuriste assumé.

Après une première exposition Hautes Altitudes à l’Alliance française en février 2008, l’artiste visuelle Anna-Katharina Scheidegger récidive dans sa quête de l’humain là où on ne le cherche plus.

Toujours avec une vision très frontale de ses sujets, la photographe cherche à mettre au grand jour les traces que l’humain peut laisser dans les milieux qui ne sont pas les siens.

L’an passé, elle montrait des blockhaus perchés dans les Alpes suisses, aujourd’hui, elle nous plonge dans l’univers nocturne des bureaux et des appartements du centre de Toronto.

«Comme tout européen, on est fasciné par les tours, en Europe on est plus patrimoine, ici ils n’ont pas peur de construire des choses», raconte Anna-Katharina. Troublée par ces gigantesques bâtiments, elle reste frustrée par la froideur et l’anonymat de ces constructions qui, en plein jour, brillent de mille feux grâce aux différents reflets rebondissant contre leurs parois mais dont l’intérieur se trouve impénétrable pour l’œil.

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«La nuit, les hiérarchies et les proportions changent, les tours deviennent plus tendres et plus lisibles. En Europe on se cache, tout le monde a des rideaux, ici c’est plus cool, plus fascinant», explique l’élève du photographe Alain Fleischer, cinéaste, photographe, plasticien français aujourd’hui directeur du Fresnoy, Studio national des arts contemporains situé dans le Nord de la France.

Frappée par l’image très frontale que lui renvoyaient les tours, l’artiste a imaginé des décors faits de métal et de verres, essayant de ne pas donner de repères au spectateur. Le ciel n’est pratiquement pas visible par exemple.

Pour atteindre le cœur des tours, Anna-Katharina a grimpé sur les toits de Toronto, elle s’est donnée de la hauteur pour capturer non seulement des amas de verres et de métal mais surtout des instants de vie. «Quand je prend la photo, je ne vois pas les détails. On ne peut pas savoir ce qu’il y aura dans le photo.»

Des petites surprises, la Suisse en a eu quelques-unes. Lorsqu’elle a tirée en grand ses clichés, elle a découvert une photo de mariage accrochée au mur d’un des appartements photographié.

Elle a aussi capturé sur papier un homme travaillant dans son bureau alors que tous les autres sont vides. Que faisait-il? On a envie toujours envie d’en connaître plus!

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Les tirages sont faits en grande dimension, ce qui permet au spectateur de pouvoir regarder de plusieurs points de vue différents. De loin, on ne voit que des tours dont les appartements ou les bureaux sont éclairés. De près, on peut apercevoir la vie, les objets, les humains et leurs traces.

Anna-Katharina compte poursuivre cette série de photographies lors de son prochain voyage au Cambodge, pour voir ce qui se cache derrière les édifices de ce pays.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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