Les noms de Béatrice Desloges et de sa sœur Diane sont intimement liés à la crise du Règlement 17, qui sévit en Ontario de 1912 à 1927. Ce règlement du ministère de l’Éducation limite l’enseignement en français aux premières années du cours primaire et réduit l’enseignement du français à une heure par jour. L’historien Robert Choquette a décrit le Règlement 17 comme une guillotine linguistique. La résistance des Franco-Ontariens sera épique et les sœurs Desloges y joueront une rôle clé.
Née à Ottawa le 1er novembre 1895, Béatrice Desloges est embauchée en septembre 1915 pour enseigner à l’école Guigues d’Ottawa. Avec sa sœur Diane (née le 5 novembre 1892), elle s’oppose au Règlement xvii.
Lorsque les autorités refusent de verser leur salaire et menacent de retirer leur brevet d’enseignement, les sœurs Desloges ouvrent des classes clandestines dans un magasin désaffecté de la rue Dalhousie et dans une chapelle de la rue Murray, dans la basse-ville d’Ottawa. Leur courage leur vaut l’admiration des Franco-Ontariens et fait d’elles un symbole de la résistance au Règlement 17. Béatrice Desloges est décédée à Ottawa le 24 septembre 1957. Une école secondaire catholique porte aujourd’hui son nom à Ottawa.
Cette semaine marque aussi le 95e anniversaire de l’enquête que le gouvernement ontarien mène justement sur les écoles bilingues 2 novembre 1910. Il faut d’abord préciser que, au début du XXe siècle, les protestants et catholiques anglophones de l’Ontario considèrent que leur province est un territoire anglais et que le français demeure une langue étrangère. À leurs yeux, toutes tentatives par les Canadiens-français pour atteindre l’égalité dans n’importe quelle sphère de la vie ontarienne passent pour des agressions étrangères et méritent qu’on leur oppose toutes les armes disponibles.