Mars ou crève!

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Publié 10/03/2009 par Pierre Léon

Mars qui rit malgré les averses
Prépare en secret le printemps…

La citation est de l’un des charmants auteurs, aujourd’hui inconnus – peut-être Victor de Laprade – qui avaient composé pour les enfants de l’école primaire française, des poèmes pour chacune des saisons dont la maîtresse nous faisait découvrir la littérature à mesure que se déroulait l’année. Il y en avait pour tous les mois et il fallait en savoir par cœur leurs textes. L’âge venant, j’en ai oublié pas mal et celui-ci me fâche à ne pas vouloir me revenir à l’esprit. Il serait pourtant de circonstance. Nous voici en mars, le mois des fous et des folies du temps.

Il n’est pas étonnant que les Romains aient choisi le dieu de la guerre pour symboliser ce mois si turbulent. On dit, en Amérique du Nord, que «Si Mars arrive comme un lion, il repartira comme un agneau». Ce qui doit vouloir signifier les extrêmes d’un mois fantasque.

Nous étant rapprochés du soleil, un jour sera chaud mais le lendemain glacial. Il est vrai que le printemps n’est officiel qu’au solstice du 20 mars. On attendra, pour en être sûr que la marmotte se redresse sur la Prairie et si elle voit son ombre, on est parti pour le beau temps. Il y a bien d’autres signes de l’arrivée du printemps, depuis les premiers bourgeons des lilas, jusqu’aux nids d’oiseaux qui vont se construire. Mais on n’en est pas encore là et ce début 2009 aura été particulièrement froid, venteux, neigeux, pluvieux. Mars était le premier mois de l’année quand les Romains utilisaient un calendrier lunaire.

Lorsqu’on a instauré une nouvelle division de l’année en douze mois, on a ajouté janvier et février. Les Ides de Mars étaient une période de l’année, le 15 mars, qui ne voulait pas nécessairement évoquer quelque chose de funeste. Cette idée de sombre présage s’est répandue après que Shakespeare ait fait dire au ramoneur que rencontre César: «Méfie-toi des Ides de Mars!» César n’était sans doute pas superstitieux puisqu’il n’a pas tenu compte de la mise en garde répétée et s’est fait assassiner.

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Le mois de mars n’a pas toujours mauvaise réputation, tout au moins parmi les astres puisque les prédictions des astrologues sont plutôt bonnes pour les personnes nées sous ce signe, celui du Poisson. Elles seraient rêveuses, toujours dans la lune, indécises, insatisfaites; également généreuses, sensibles, parfois trop, elles pleurent facilement. Elles ont une santé fragile mais veulent se soigner elles-mêmes et rester dans leur petit monde. Elles sont douées d’imagination et de sens artistique original. Parmi elles, on trouve Einstein, Michel Ange, Victor Hugo et Sacha Guitry. Mais on fait tout dire aux astres !

Il y a quelques jours, on a passé à la télévision un étonnant documentaire sur Mars. Des plaines sans fin, parsemées de blocs de rocs, où l’on se dit qu’un être pourrait peut-être vivre. Puis des geysers jaillissent dans cette immense étendue, des volcans font éruptions et l’on traverse des canyons de pentes vertigineuses.

Des pics se dressent, des torrents de lave coulent. On assiste à de véritables feux d’artifice. Les couleurs psychédéliques sont ahurissantes de beauté. On doit tout cela aux sondes et aux robots américains qui, depuis décembre 2006, envoient sans arrêt des milliers d’images de la Planète Rouge.

On espère toujours retrouver les signes qui indiqueraient une présence d’eau, laissant la possibilité d’une vie. Mais pas trace d’une fougère ou d’une libellule, ni même d’une mousse. Mars restera sans doute une planète pour rêver et non pour aller en vacances au mois où les Canadiens veulent oublier l’hiver terrestre en allant au soleil des Caraïbes.

On devait apprendre à l’école tous les mois de l’année et les réciter sans faute. Comme toujours, on se cassait la tête à imaginer des trucs qui nous feraient retenir tous ces noms, difficiles quand on est seulement en première année ou en maternelle. On se servait souvent de chansonnettes. Mais pour les mois, je ne sais quel astucieux avait imaginé les associations suivantes:

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Janvier ton sort (j’enviai) ;
Février tes yeux (fait briller);
Mars ou crève (marche);
Avril-moi sous ton parapluie (abrite);
Mai où donc que je suis? (mais);
Juin ta main à la mienne (joins);
Juillet dit que c’est bon (je lui ai );
Août tu vas? (où?);
Septembre comme du poulet (c’est tendre);
Octobre de là que je m’y mette (ôte-toi);
Novembre sont fatigués (nos membres);
Décembre à louer (des chambres).

Je doute que tous ces calembours nous aient beaucoup aidés à mémoriser les douze mois de l’année mais ils faisaient partie du folklore scolaire qui nous amusait bien. Ils relèvent de la culture populaire. Se les rappeler en mars canadien réchauffe un peu!

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