Le projet de village francophone est ouvert aux suggestions

Entrevue avec la nouvelle présidente de l'ACFO-Toronto

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Publié 24/02/2009 par Vincent Muller

«Les francophones perdent la bataille de l’assimilation» déclare Hélène Roussel, nouvelle présidente de l’Association des communautés francophones de l’Ontario à Toronto (ACFO-TO) en entrevue à L’Express. L’ex vice-présidente succède à Marcel Grimard qui a démissionné pour des raisons de santé. Ayant travaillé ensemble durant cinq ans, la transition se fait tout naturellement. Néanmoins ce changement est l’occasion de faire le point sur les activités de l’ACFO-TO et de mieux connaître la vision de sa nouvelle présidente.

Hélène Roussel veut développer les activités de l’association, notamment mener à bien le projet de «village francophone». Elle estime que le plus grand succès durant le mandat de Marcel Grimard fut de «réussir à conserver cet organisme en perdition».

La gestion de l’ACFO-TO, de par sa visée, constitue donc un véritable défi: «Ce n’est pas une tâche facile parce qu’on travaille dans le développement communautaire de deuxième ligne, le développement communautaire de première ligne étant les organisations qui dispensent des services directs à la population francophone comme au niveau de la santé, de l’emploi, des services sociaux ou de logement par exemple. Lorsqu’elles n’ont plus besoin de ces services ces personnes disparaissent.»

«Nous, à l’ACFO-TO, on essayea de penser de façon plus globale, comment faire émerger des projets rassembleurs pour entretenir les liens entre les francophones, et on doit travailler dans un esprit de diversité avec plus de 30 nations représentées.»

L’ACFO-TO se démène donc pour augmenter la visibilité des francophones de la ville avec comme objectif la création de communautés d’intérêt: «La plupart du temps, lorsque les francophones sont mobilisés c’est dans la bataille de nos droits, mais certains s’en fichent complètement de la défense de nos droits! Donc il faut souder des communautés d’intérêt.»

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Leadership communautaire

C’est dans cet optique qu’ont été mis en place plusieurs programmes: Francophonie en action rassemble notamment autour d’activités physiques, et Leadership communautaire, une formation portant sur différents sujets de l’organisation en contexte francophone minoritaire.

Cette formation touche entre autres les domaines de la gestion bénévole d’événements, la gouvernance, la façon d’obtenir des subventions et s’adresse à tous les francophones. Le programme de leadership communautaire connaît, selon Hélène Roussel, de plus en plus de succès avec cette année 34 participants représentant 20 nations!

Toujours dans le but de mettre en relation les francophones et francophiles de la ville, l’ACFO-TO se charge d’assurer le lien en faisant un travail d’information concernant plusieurs organismes, comme le Théâtre français de Toronto, le Centre francophone et bien d’autres. Pour souligner l’importance de ce travail, la directrice ajoute que «beaucoup n’étaient pas au courant de la présence de tous ces organismes».

Vous avez dit «ghetto»?

Augmenter la visibilité des organismes francophones est le principal objectif du projet de «village francophone». Il s’agit du plus important projet de l’ACFO-TO qui y travaille depuis maintenant cinq ans. Le projet est à présent dans sa phase d’implantation.

Certains sont sceptiques vis-à-vis de ce concept. Parmi les critiques, les uns dénoncent une ghettoïsation des francophones tandis que d’autres estiment exagérée l’appellation «village francophone», pour une zone aussi vaste que celle définie par l’ACFO-TO.

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À l’évocation de ces critiques, Hélène Roussel veut éclaircir les choses: «Il faut comprendre la problématique avant tout. Il ne s’agit pas de ghettoïser, on ne cherche pas à construire des buildings et à faire venir tous les francophones dans un quartier, on veut juste qu’ils puissent retrouver d’autres francophones ou francophiles et qu’il sachent où ils peuvent avoir des activités en français, c’est pour ça que l’on veut rendre visibles les organismes qui leur proposent des services».

Et cette problématique, la présidente de l’ACFO-TO la développe: «Les francophones perdent la bataille de l’assimilation avec 10% des francophones qui utilisent ce qui se passe en français et 90% qui sont déconnectés. Selon les recherches menées par Rodrigue Landry de l’Université de Moncton, seulement 40% des jeunes qui ont suivi leurs études secondaires dans des écoles francophones continuent à utiliser le français par la suite dans leur vie universitaire ou professionnelle.»

Le danger de l’assimilation

Rendre visibles les francophones en développant le «village francophone» qui permettra la «création de ponts entre les écoles et la communauté francophone» constitue donc pour elle une solution au problème de l’assimilation.

Elle ajoute cependant: «Le nom de «village francophone» n’est pas définitif, on est ouvert à toutes les critiques et on est prêt à prendre en considération toutes les propositions». «À ceux qui critiquent le projet, je dis, avec votre vision, venez me dire, à mon forum communautaire, comment rejoindre les 90% de francophones déconnectés.»

Ce forum communautaire aura lieu le 21 mars prochain au sous-sol de la paroisse Sacré-Cœur, à l’angle de Carlton et Sherbourne. Seules 80 personnes pourront être présentes étant donné le peu d’espace disponible, mais la nouvelle présidente de l’ACFO-TO appelle ceux qui ne pourront pas y assister à contacter l’association et à faire part de leur avis.

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Parmi les idées évoquées par Hélène Roussel, le déménagement de l’ACFO-TO «au cœur du quartier francophone» avec un kiosque d’informations pour plus de visibilité, l’éventuel développement d’un «bistrot communautaire» où différentes activités pourraient prendre place, la mise en place, dans les rues, de panneau signalant le quartier francophone et la promotion des magasins du quartier dont certains employés servent en français.

La chasse aux idées est ouverte, n’hésitez donc pas à surcharger de messages le répondeur de l’ACFO-TO et la boîte courriels [email protected], qui a plus que jamais besoin de l’implication de tout torontois parlant français.

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