En 2003, la péninsule acadienne subissait une vague d’émeutes suite à la décision du gouvernement du Nouveau-Brunswick d’accorder une part des quotas de la pêche au crabe aux autochtones. Le Filet, de Marcel-Romain Thériault nous plonge dans l’univers controversé d’une famille tiraillée par des histoires d’héritage.
Acadien, vivant aujourd’hui à Montréal, Marcel-Romain Thériault a suivi des études de théâtre à Moncton avant de partir pour l’École nationale de théâtre à Montréal. Le Filet, sa première pièce, est tirée de son expérience personnelle, il était en Acadie pendant les émeutes de 2003. «Ça m’a interpellé, je faisais alors ma maîtrise et j’ai changé mon sujet du tout au tout pour écrire sur ce sujet [les émeutes]», explique t-il. L’histoire se déroule quelques années après les événements, «mais il faut séparer l’histoire et ma pièce qui est une fiction totale», tient à préciser l’auteur. «C’est une histoire de famille qui tourne mal, un problème d’héritage», poursuit Marcel-Romain Thériault.
Le Filet touche un sujet sensible du quotidien acadien, à savoir le rôle des crabiers dans la vie économique et sociale. Historiquement, le gouvernement canadien a permis a quelques familles de s’enrichir, dans le but de développer l’économie générale. Mais le constat est que ces familles sont devenues très riches mais pas la région, «d’années en années, ils faisaient la pluie et le beau temps», indique l’ancien pensionnaire de l’École nationale de théâtre à Montréal. «Si tous les crabiers ne sont pas de même, «beaucoup suscitent la grogne».
Voulant travailler le côté dramatique, Marcel-Romain Thériault s’intéresse à l’écriture de personnages «mafieux». «Comment quelqu’un peut en arriver à faire des actes dangereux, brûler des bateaux, des usines. C’est l’appât du gain.» S’il nuance toujours son propos en affirmant que «tous ne sont pas comme ça», l’auteur ne nie pas les répercussions houleuses qu’a pu avoir la pièce lors de sa présentation en Acadie. «Dès que les gens en ont eu vent, ça a suscité des remous. La compagnie de théâtre a reçu des menaces, un acteur a reçu des menaces et pour la présentation, les crabiers ont menacé de perturber la représentation. Ça a brassé pas mal pendant une semaine. À Shippagan, c’était électrique, la police était là, tout le monde était sur le qui-vive», avance l’auteur.