Réconcilier Palestiniens et Israéliens: mission impossible?

Guerre dans la bande de Gaza

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Publié 13/01/2009 par Vincent Muller

Le conflit à Gaza dure maintenant depuis plus de deux semaines. Déjà plus de 900 victimes côté palestinien pour 10 soldats et 3 civils israéliens tués. De nombreuses tentatives pour arriver à un cessez-le-feu ont été lancées sans résultat positif jusqu’à maintenant. L’armée israélienne, la plus puissante du Moyen-Orient, continue de bombarder la bande de Gaza et ses troupes se rapprochent des zones urbaines les plus peuplées.

À Toronto, comme dans de nombreuses autres villes à travers le monde, des gens se sont réunis pour manifester leur soutien au peuple palestinien et dénoncer les frappes israéliennes qui se sont notamment abattues sur une école. Quelques manifestations sont aussi organisées en appui à la sécurité d’Israël, où l’opinion publique soutient encore l’offensive militaire.

Que faire pour mettre fin à ce carnage?

Parmi les solutions les plus radicales, certains peuvent se demander pourquoi ne pas déplacer la population de Gaza dans les pays voisins: Égypte, Jordanie, et dans le territoire du futur État palestinien, la Cisjordanie, dont la bande de Gaza, malheureusement, est physiquement séparée par l’État hébreu.

Cela ne ferait que déplacer le problème. Il s’agit d’une des zones les plus densément peuplées au monde. Les Gazaouis, au nombre d’un million et demi, dont plusieurs sont déjà des réfugiés, ne seront pas forcément bien acceptés ailleurs. Il sera difficile de les dédommager. De plus, les personnes qui se battent continueront à se battre à partir des pays voisins.

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Il n’est pas certain non plus qu’Israël veuille s’emparer de Gaza. Cela couperait l’accès maritime aux Palestiniens qui seraient probablement encore plus déterminés à combattre Israël. Cette solution ne ferait donc que détériorer davantage la situation.

Ce problème semble être un casse-tête pour beaucoup: l’Union Européenne semble brasser du vent en proposant des cessez-le-feu qui n’aboutissent pas. Dernièrement le Conseil de sécurité de l’ONU a voté un cessez-le-feu. Les États-Unis se sont abstenus. Ce cessez-le-feu n’a été respecté ni par les Palestiniens ni par les Israéliens. Les pays arabes voisins semblent inactifs, tout comme les États-Unis. Barack Obama attend son entrée en fonction pour prendre position mais dit avoir mis en place une équipe qui pourra s’engager dans le processus de paix au Proche-Orient dès son investiture le 20 janvier prochain.

La réaction d’Israël aux tirs de roquettes palestiniens peut donc se poursuivre jusqu’à ce que ce que le gouvernement israélien s’estime satisfait. Les tirs de roquettes ont permis à Israël, qui voit le Hamas comme une menace à sa porte, de lancer des représailles et de tenter de détruire cette milice par des frappes qu’elle justifie comme étant la réponse à une agression.

Le Hamas, malgré les lourdes pertes dans les rangs des civils palestiniens, ne semble pas vouloir lancer d’appel au cessez-le-feu et fait un calcul politique en se disant que la poursuite des frappes israéliennes le renforcera. Dans ces conditions, on voit mal comment arriver à une solution puisqu’aucune des deux parties ne veut négocier.

Pour qu’un cessez-le-feu aboutisse il faudrait déjà arriver à réunir les deux parties autour d’une table. Or, Israël considère le Hamas comme une organisation terroriste et refuse le dialogue. Israël semble décidé à n’accepter aucun cessez-le-feu tant que des roquettes seront lancées. De son côté, le Hamas considère que les cessez-le-feu n’apportent jamais rien au peuple palestinien.

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Le Hamas est arrivé au pouvoir démocratiquement, au grand dam d’Israël et de ses alliés, et s’est renforcé avec le blocus imposé à Gaza suite à cette élection. Les Gazaouis ne semblent avoir rien à perdre. Une part de la solution consisterait donc à faire en sorte qu’ils aient justement quelque chose à perdre, en leur permettant de se développer. Cependant, en face, les Israéliens ne laisseront pas faire tant qu’ils sentiront une menace à leurs portes, autrement dit tant que le Hamas sera au pouvoir. Le problème est que le Hamas est très influent politiquement et socialement dans la bande de Gaza. Il est donc quasiment impossible de le supprimer.

Il serait possible éventuellement de limiter son influence en proposant une force internationale, à laquelle prendraient part des pays arabes voisins, qui serait chargée de veiller au maintien de l’ordre et surtout d’empêcher l’entrée d’armes sur le territoire de Gaza.

Parallèlement, il faudrait permettre à la bande de Gaza de se développer économiquement, en autorisant notamment le développement d’un port et les liens avec le reste de la Palestine. De cette façon, l’influence du Hamas, basée essentiellement sur la colère des Gazaouis, perdrait peut être de l’importance.

Une telle solution serait probablement assez difficile à accepter par Israël qui veut l’élimination totale du Hamas et qui ne ferait probablement que peu confiance à une force étrangère pour veiller à la sécurité à Gaza. Pour persuader Israël d’une telle solution, il semble évident que les États-Unis ont un grand rôle à jouer. Ils pourraient se joindre à cette force internationale veillant à la paix et au désarmement de Gaza et faire pression sur les israéliens pour qu’ils participent à des négociations et qu’ils acceptent cette force internationale. Les Américains, après tout, sont les principaux bailleurs de fonds d’Israël.

Vu la mauvaise volonté des deux côtés il semble indispensable que la communauté internationale, les États-Unis en premier, fasse pression sur Israël pour stopper les bombardements, s’implique militairement pour désarmer Gaza et s’attache à mener des négociations immédiates avec tous les leaders palestiniens et israéliens. Même les partis les plus extrêmes comme le Hamas doivent être inclus dans les négociations. Ils représentent en effet une partie de l’opinion.

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Il sera difficile de faire accepter cela aux Israéliens qui doivent cependant comprendre qu’ils ne seront pas en sécurité tant que les Palestiniens auront un sentiment d’injustice. À moins de laisser les Israéliens éliminer tous les Palestiniens, il paraît évident qu’il faut les forcer à négocier et à faire des concessions. Or cela ne sera possible qu’avec l’aide de la communauté internationale qui doit prendre plus au sérieux le conflit au Proche-Orient qui déchaîne les passions et qui amène de l’eau au moulin de tous les extrémistes, et pas seulement au Proche-Orient.

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