L’infatigable environnementaliste David Suzuki: «L’économie est devenue le nouveau dragon»

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Publié 25/11/2008 par Vincent Muller

Autrefois, les gens craignaient des dragons ou autres démons. Ces nombreuses croyances les empêchaient d’évoluer. Ayant dépassé petit à petit cela et appris à influencer son futur, l’être humain pense avoir pris le dessus sur la nature et oublie souvent qu’il en dépend. Aujourd’hui, sa nouvelle crainte est l’économie qui est devenue en quelque sorte, le nouveau dragon dont les humeurs sont craintes par tout le monde. C’est ce qu’expliquait David Suzuki jeudi au public venu assister à sa conférence au Metro Toronto Convention Center.

Selon David Suzuki, il y a donc un «nouveau dragon», l’économie, qui nous maintient dans la peur et nous empêche de modifier notre mode de vie pour arriver à vivre en harmonie avec l’environnement.

Lors de cette conférence, il est revenu sur notre comportement, sur ce qui nous a amené à vivre en considérant l’économie comme étant la chose la plus importante dans nos vies et à négliger notre impact sur l’environnement.

Il explique qu’en créant son propre habitat dans des villes de plus en plus nombreuses et de plus en plus grandes, l’humain se coupe de plus en plus de la nature. Cela facilite l’impression que l’on ne dépend plus d’elle. Il va jusqu’à dire que, dans notre comportement quotidien, on apprend à se méfier de la nature et à considérer comme sale ou dangereux ce qui en provient.

Parallèlement, alors qu’il a l’impression de pouvoir se passer de la nature, l’humain a une emprunte écologique de plus en plus grande dans la mesure où la technologie mobilisée autour de chaque individu est de plus en plus importante et où la consommation est poussée à outrance pour satisfaire la croissance.

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Tout le monde sait, depuis assez longtemps déjà, que les ressources de la planète sont limitées et que la consommation en hausse constante nous amène «droit au mur».

Comme il le dit, si l’humain a inventé la notion de futur ainsi que les moyens pour améliorer son futur, il devrait aussi être capable de voir le danger qui le guette s’il ne modifie pas son mode de vie.

Selon lui, les médias et les hommes politiques ont une grande responsabilité dans la non considération de ce problème. Il les accuse d’avoir complètement ignoré, en 1992, une lettre signée par les scientifiques les plus renommés sur le plan international, parmi lesquels de nombreux prix Nobel, qui tiraient déjà la sonnette d’alarme en dénonçant l’impact néfaste de l’activité humaine sur l’environnement et insistant sur l’urgence d’agir.

L’infatigable militant ajoute que, 16 ans après, nous ignorons toujours ces appels mais qu’en plus de cela, certains manipulent l’information. Il évoque la création de sites Internet allant dans le sens des grandes corporations, contredisant l’idée du réchauffement climatique et attribuant les problèmes environnementaux actuels à un cycle naturel.

David Suzuki prévient aussi qu’il ne faut pas compter sur les hommes politiques, car ils sont avant tout préoccupés par la façon dont ils seront réélus. Il explique que l’économie est au premier plan de leurs préoccupations et qu’il ne se risqueront pas à prendre des mesures qui coûteraient des millions et les rendraient impopulaires.

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À ce propos, il rappelle que Jean Chrétien en 2001, a signé le protocole de Kyoto mais que lorsqu’il y a des problèmes économiques, la classe politique oublie trop rapidement cela.

Nous sommes donc à un stade où nous réalisons que nous sommes face à un problème crucial, mais l’économie semble être le démon nous empêchant de passer à l’action.

David Suzuki rappelle qu’une loi fédérale obligeant la prise en compte du développement durable a été adoptée et qu’il s’agit d’un progrès mais il estime que le seul moyen de faire changer les choses sera la mobilisation massive des citoyens. Ce serait selon lui, la seule chose qui forcerait les décideurs, tous partis confondus, à prendre réellement en compte le problème de l’environnement et de la surconsommation.

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