En tant que futur président, il sera impératif que vous sachiez un minimum de science: les satellites et l’exploration spatiale, l’énergie nucléaire et ses déchets, l’hydrogène et l’éolien, le terrorisme et ses armes modernes, feront partie des enjeux sur lesquels vous aurez des décisions éclairées à prendre. En plus, bien sûr, du réchauffement climatique. Faute d’en savoir un minimum, vous serez à la merci des propagandistes les plus bruyants, des lobbyistes les plus fortunés et de vos conseillers les moins futés.
Dans un ouvrage qui s’adresse à vous, futur président des États-Unis — oui, vous — le physicien américain Richard A. Muller s’est amusé à décortiquer «la science derrière les manchettes» afin d’en expliquer les tenants et aboutissants. Au final, Physics for Future Presidents n’est pas, comme on aurait pu le croire, un exposé caustique sur l’(in)culture de nos politiciens, mais un véritable livre de vulgarisation de l’actualité, dont l’auteur a choisi ce détour original pour harponner son lecteur.
Or, en plus d’être instructif chez qui fusion et fission sont des mots chinois, le livre fait prendre conscience combien une bonne culture scientifique est beaucoup plus à notre portée qu’on ne l’imagine. L’important, explique Muller, n’est pas de tout comprendre, juste de dissiper un peu le brouillard: «ne vous arrêtez pas trop longtemps si quelque chose ne vous semble pas clair. Apprenez comme on apprend une langue étrangère: en s’immergeant… et surtout, en ayant du plaisir».
Comment, par exemple, dépasser les discours alarmistes? Pas en se donnant pour mission de tout connaître des mécanismes du cancer, de l’irradiation ou des courants atmosphériques. Mais en en apprenant juste assez pour comprendre pourquoi «radiation» n’est pas toujours synonyme de «mort», et pour savoir mesurer un peu mieux les risques (quiconque a déjà joué aux cartes en connaît un brin sur la théorie des probabilités).