Montreal Stockhausen Project: magistralement symphonique

New Music Concerts

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Publié 11/11/2008 par Khadija Chatar

Et si on rangeait pour un moment Mozart, Bach et les autres perruques poudrées! Faut-il toujours attendre que les compositeurs soient décédés depuis des lustres pour que tous s’extasient de la finesse de leurs œuvres? Le New Music Concerts (NMC) ne l’entend pas de cette oreille. Ce samedi 15 novembre, il a bien l’intention de rendre un hommage magistral au compositeur allemand Karlheinz Stockhausen, qui nous a quittés en décembre 2007. Il invite ainsi le public à venir entendre Montreal Stockhausen Project au Enwave Theatre, situé au 231 Queen’s Quay, pour un concert unique.

Et bien entendu ce sont des musiciens, qui ont travaillé aux côtés du génie, qui offriront ce concert. Parmi eux, la célèbre flûtiste Lise Daoust. «Nous étions en train de préparer, pour l’été dernier, un concert pour fêter son 80e anniversaire. Lorsque nous avons appris son décès, nous avons décidé de poursuivre, mais cette fois-ci pour lui rendre un hommage posthume!», dit-elle à L’Express.

Dans les années 50 déjà, la musique de Karlheinz Stockhausen aux intonations électroacoustiques fait de lui l’égérie des compositeurs de la nouvelle génération. «Il avait une manière unique d’aborder la musique», poursuit Mme Daoust. Imprévisible, il surprenait et choquait, n’hésitant pas à secouer les barrières en «vulgarisant» le monde conservateur de la musique acoustique. Un expérimentaliste extravagant, donc ,qui est poussé par une curiosité insatiable.

Intrigué par les spirales et les cycles de la vie, il consacre les dernières années de sa vie à une série intitulée Licht qui signifie en français «lumière». «Il a écrit une composition pour chaque jour de la semaine, nous avons ainsi lundi de lumière, mardi de lumière et ainsi de suite», explique Lise. Une composition ambitieuse qu’il prit 40 ans avant à terminer.

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Samedi, lors du concert, les disciples de Stockhausen joueront ces journées de lumière. Ils commenceront avec Gesang der jünglinge pour poursuivre avec Ave Entführung; Flautina et Kathinkas Gesang. «Il y a un aspect très théâtral dans les compositions de Stockhausen. C’est de l’opéra avec un décor, quelques chanteurs et où les instrumentalistes sont costumés et jouent également un rôle», continue Lise. De la musique magistrale où la flûte occupe une place des plus enviées dans cette effervescence acoustique composée, entre autres, de basse, de cor de basset et d’électronique.

Dans l’univers de Stockhausen, la flûte a un son originel, il y aurait comme une intention rituelle de sa part. Aurait-il pensé à Apollon, le dieu de la musique, qui avait échangé, contre une lyre et une flûte, tout un troupeau de bœufs avec Hermès? Une chose est sûre, Stockhausen évitait de représenter le quotidien. Ces personnages seraient, selon Mme Daoust, des entités philosophiques où l’histoire n’aurait pas lieu d’être. Peut-on, dès lors, qualifier d’atypique le concert de Stockhausen Projet Montreal? Sa musique, il est vrai, se veut contemporaine. Il tirait, de façon savante et juste, autant sur la mise en scène, l’acoustique que l’électronique. Sa signature se posait par sa manière discrète mais patente d’éviter toute linéarité temporelle ou matérielle. «Stockhausen explore. Sa musique est tout simplement inouïe, du jamais vu, autant à voir qu’à entendre!», promet la flûtiste Lise Daoust.

Après Montreal Stockhausen Project, New Music Concerts, qui en est à sa 38e édition, poursuivra l’aventure, le 30 novembre, avec le concert de Sydney Hodkinson, Hope Lee et David Eagle au Music Gallery, situé au 197 rue John.

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