Chaque année, entre le dernier vendredi d’octobre et le 11 novembre, des milliers de coquelicots fleurissent au revers des vestons, sur des robes ou des chapeaux d’une bonne partie de la population canadienne, et notamment des personnes les plus visibles, ministres, députés, animateurs de télévision, mais aussi de personnes anonymes qui s’associent à la commémoration du souvenir que marque le 11 novembre. On évalue à plusieurs millions le nombre de ces fleurs artificielles ainsi arborées.
Mais d’où nous vient cette tradition? Le coquelicot, cette fleur qui tire son nom de l’ancien français coquelicoq, une onomatopée qui a d’abord désignée le coq (XIVe siècle), puis, par assimilation avec la crête rouge de cet animal, la fleur (XVIe siècle), ne pousse pas au Canada, comme on peut en voir dans les champs de blé ou au bord des routes de certaines régions de France ou de Belgique.
Cette fleur sauvage s’est trouvée associée, bien involontairement, à la guerre. Au XIXe siècle, au cours des guerres de l’Empereur Napoléon, grand combattant devant l’éternel, on a remarqué sur les tombes de soldats morts au combat, creusées souvent sur place, l’apparition mystérieuse de cette fleur.
Et lors de la Première Guerre mondiale, la Grande Guerre de 1914-1918, on a vu de nouveau réapparaître des coquelicots sur le lieu des batailles, entre les tombes des soldats, sur le rebord des trous d’obus, dans des sols retournés. Dans les Flandres, particulièrement, cette région s’étendant dans le nord de la France et en Belgique, où ces fleurs étaient rares en temps de paix, leur présence, que l’on pouvait associer au sang versé, ne passait pas inaperçue.
Médecin et poète
Parmi les troupes combattant dans cette région se trouvaient des militaires canadiens et, parmi eux, le lieutenant-colonel John McCrae, né à Guelph, en Ontario, le 30 novembre 1872, qui servait comme médecin au sein du Corps expéditionnaire canadien, alors engagé dans le saillant d’Ypres, en Belgique. Il voyait défiler des centaines de blessés, notamment ceux touchés par les gaz, utilisés pour la première fois par les Allemands le 22 avril 1915.