Qui n’a pas aperçu, ces derniers jours, ces coquelicots épinglés sur les vestes des passants? Comme plusieurs le savaient ou l’ont deviné, ils sont le symbole du Souvenir. Aujourd’hui, le 11 novembre, le monde rend hommage à ces hommes et à ces femmes qui ont péri durant la Grande Guerre (1914-1918). En commémoration, l’Office national du film (ONF) diffuse en continu, aujourd’hui, sur son site Internet (www.onf.ca/armistice) le film Entre les lignes, réalisé par Claude Guilmain.
Un documentaire poignant dans lequel on retrouve des images dures de cette guerre dont l’horreur des images de cadavres amoncelés sur les tranchées est innommable. Dans ce film, le texte est celui de lettres lues par des voix tantôt masculines, tantôt féminines. Des voix qui rendent ces photos laminées par le temps et ses images d’archives si réelles et si actuelles. Sans cette lecture, elles auraient semblé, comme les autres, lointaines de notre cocon matérialiste où l’oeil n’est plus surpris de rien.
Ce film sera retransmis ce mardi 11 novembre à la télévision sur CBC, RDI et TFO ainsi qu’aux projections spéciales de la médiathèque de Toronto (140 rue John) de 18h 30 et de 20h. À cette adresse aussi, les descendants de ces soldats seront présents pour un échange avec le public.
Ainsi, on s’attache à Léo Leboutillier, du 24e bataillon, qui rassure dans chacune de ses lettres sa mère et sa sœur, et qui se plaît à remémorer la douceur des journées d’automne de chez lui, malgré l’effroi qui le hante dans cette guerre étrangère. Le sergent-major Napoléon Mario, du 22e bataillon, émeut par ses lettres envoyées à sa mère et dans lesquelles transparaissent sa déception et sa souffrance de ne recevoir aucune lettre de sa promise. Le Major George P. Vanier, qui a été nommé Gouverneur général en 1959, un homme impassible d’apparence, déroute par sa sensibilité et sa tendresse envers cette sœur qu’il supplie d’être prudente en traversant les rues de Montréal. L’homme, mais aussi la femme ont joué un rôle de premier rang dans cette guerre qui approche de son centenaire. On se lie ainsi à Katherine Maude Mary MacDonald, une infirmière dévouée, de 31 ans, qui décède au cours d’un bombardement à Étaples.
Des pages noircies aux écritures assurées où l’impatience des premiers jours fait place, devant la réalité de la guerre, à un blasement de plus en plus manifeste. Dans le chapitre l’innommable, une voix lit quelques lignes éloquentes du journal de bord du Sergent-major Claudius Corneloup et dans lesquelles il décrit «Ces soldats pataugent dans la boue jusqu’au genou dans un terrain putréfié. Les arbres sont déchiquetés dans une atmosphère suffocante où les soldats deviennent habitués au sifflement de ces balles qui passent au-dessus leur tête.»