Savoir détecter les prédateurs sexuels

Formation auprès des éducatrices en garderies

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Publié 11/11/2008 par Annick Boulay

«Un garçon sur six et une fille sur quatre seront victimes d’abus sexuel avant l’âge de 16 ans. Il y a 3% de chances qu’un prédateur soit arrêté pour un crime sexuel. Avant qu’il y ait dénonciation, un prédateur a, en moyenne, 20 victimes de sexe féminin et 150 victimes de sexe masculin. Selon les recherches, seulement 5% des agressions sont dénoncées aux autorités»

À l’écoute de ces chiffres effrayants, l’assemblée se tait, sidérée.

L’agent enquêteur Pascal Labine des crimes majeurs/section des agressions sexuelles et abus des enfants, appuyé du constable Doris Carriere de la Division 18 du Service de police régional de Durham ont invité les éducatrices en garderies francophones de la région de Durham, a participer à un atelier visant à les aider à reconnaître et à gérer des situations de cas d’abus sexuels envers les enfants. La rencontre a eu lieu le 6 novembre au Quartier général de la Municipalité de Durham devant une cinquantaine d’éducatrices provenant du Centre de la petite enfance Les Lucioles.

Au départ, c’est l’agent Pascal Labine qui a eu l’idée de créer une telle formation auprès des éducatrices en garderies. «Nous avons été confrontés à certains cas d’abus sexuels envers des enfants où nous n’avons pas pu utiliser les déclarations des victimes à cause d’un traumatisme engendré chez les enfants par les intervenants», expliquent les agents Labine et Carriere. Les réactions émotionnelles trop fortes de l’entourage ont alors fait en sorte que les petites victimes ont refusé de collaborer lors de l’enquête en se repliant sur elles-mêmes. L’objectif de l’atelier: faire en sorte que les éducatrices agissent de manière à ce que la victime ne croit pas qu’elle a fait quelque chose de mal et qu’elle accepte de livrer le témoignage qui arrivera à faire condamner son agresseur.

Une première formation a eu lieu en avril dernier devant une vingtaine d’éducatrices. Suite au succès de l’atelier et à l’intérêt du milieu, les agents Labine et Carrière ont répété l’expérience. «Cela nous permet également de créer un partenariat avec la communauté francophone. Il s’agit d’une bonne occasion de rapprocher le Service de police et le monde de l’éducation», souligne l’agent Carriere.

Les deux intervenants ont amorcé leur atelier en s’attaquant à certains mythes reliés aux abus sexuels. On apprend ici que l’âge moyen des agressions sexuelles débute dès l’âge de trois ans et que l’âge moyen des victimes qui dénoncent est de neuf ans. De plus, les prédateurs auront fait entre 50 et 150 victimes avant de faire face à la justice. En outre, les prédateurs seront souvent des gens qui font partie de l’entourage de la victime et non un inconnu. «Les pédophiles ciblent souvent les femmes monoparentales en allant chercher des informations sur des sites de rencontres.» Placés en situation d’autorité, les prédateurs ont ensuite toute la latitude pour agir à leur guise.

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Les agents dressent ensuite un portrait général des prédateurs sexuels. Impliqués dans la communauté (église, bénévole, entraîneur), ils mènent souvent une double vie (bon gars versus prédateur) et ont la confiance de leur entourage. Ils condamnent eux-mêmes les prédateurs sexuels, sont charmeurs, patients et n’agissent pas sous le coup de l’impulsion. «Ils sont en accord avec le fait que les pédophiles doivent avoir des sentences exemplaires, mais ils considèrent qu’une deuxième chance doit leur être accordée», mentionne l’agent Labine.

À travers des cas réels et des expériences personnelles, les agents Labine et Carriere expliqueront les méthodes d’opération des prédateurs et les différents pièges qu’ils tendent pour bâtir leur crédibilité, obtenir la confiance de leur entourage et agresser des enfants. Ils enchaîneront ensuite sur les différentes techniques d’enquête qu’ils appliquent à tous les jours pour pister le pédophile et le faire condamner. C’est ici que le rôle des éducatrices vient prendre tout son sens. Les cas bien documentés et les réactions adéquates des intervenants peuvent faire toute la différence en cours d’enquête et faire pencher la balance entre la condamnation et l’acquittement devant un juge.

Les agents Labine et Carriere sont formels : il faut suivre son intuition. Être alerte aux signes, utiliser son gros bon sens et ne pas avoir peur de déclarer des faits anormaux peuvent faire en sorte de changer la vie d’un enfant.

Tout dépendamment de l’intérêt, il est possible que d’autres formations soient organisées pour des CPE. Une version anglophone pourrait également être présentée.

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