Après 150 000 articles en cinq ans et 17 millions de génomes décodés, le virus responsable de la covid a transformé la science des virus.
Si d’autres virus ont davantage d’articles scientifiques à leur actif, c’est uniquement parce qu’ils sont connus depuis plus longtemps. Le SRAS-CoV-2 — le nom officiel du coronavirus provoquant la maladie qui serait connue sous le nom de COVID-19 — a généré à lui seul trois fois plus de recherches que le VIH pendant la même période, selon la base de données des citations Scopus.
Mais ces 17 millions de virus dont on a décodé le génome constituent un chiffre plus important aux yeux des experts, parce que c’est grâce à ce nombre gigantesque — du jamais vu dans l’histoire des épidémies — que les virologues en savent désormais davantage sur la vitesse à laquelle un virus — et pas seulement celui-là — peut évoluer.
Séquences génétiques
C’est en effet en comparant, dès janvier 2020, les séquences génétiques de virus recueillis sur des patients, dans des villes différentes à des dates différentes, que les chercheurs ont pu non seulement construire un «arbre généalogique» du virus, mais en plus, mesurer le taux de mutation et les variations du taux d’infection, par exemple en fonction des différentes variants du coronavirus.
Ces variants — Alpha, Gamma, Omicron — ont, à eux seuls, donné un coup d’accélérateur aux décodages de génomes, parce qu’on sentait avec chaque nouveau variant l’urgence de comprendre pourquoi celui-là était soudain plus virulent ou plus contagieux. Et parce qu’on essayait en même temps de prédire où et quand apparaîtrait le prochain.