L’Association des directions des écoles franco-ontariennes tient son colloque annuel à Toronto du 22 au 24 octobre. À cette occasion, six organismes de services aux arts, représentant 600 artistes professionnels de l’Ontario français, lance un Manifeste dans le but d’instaurer un dialogue et de créer une relation de complicité entre les écoles et les artistes. C’est le 22 octobre, au début du colloque, que l’artiste visuel torontois Paul Watty lira le Manifeste.
Les artistes clament d’abord que les arts ne sont plus seulement une matière à enseigner et précisent que l’école toute entière tient lieu d’agent de culture. «La Politique d’aménagement linguistique, rappellent-ils, affirme l’importance de développer chez les élèves un sentiment d’identité culturelle et d’appartenance à la communauté francophone. Pour y arriver, l’artiste professionnel est le meilleur facilitateur et passeur culturel.»
Le Manifeste note que la culture à l’école est un ensemble vivant. «Elle a besoin d’être désirée, reçue, relancée, confrontée, critiquée, appréciée. Un livre meurt d’être non lu. Un tableau naît d’un regard qui le touche. Qui n’a pas lu n’écrira pas. Qui n’est pas entendu cessera de chanter. C’est la chaleur du public qui donne au théâtre franco-ontarien la force de continuer.»
Aux yeux des artistes professionnels franco-ontariens, la culture demeure un enjeu majeur pour les sociétés qui sont à la recherche d’une qualité de vie. De nos jours, les nouveaux pouvoirs ne sont pas la force économique ou militaire. C’est plutôt de la création que viennent les nouvelles formes de vie. Et l’artiste est justement au cœur de la création.
Paul Watty insiste sur la nécessité de faire vivre la langue dans l’école et en-dehors des murs d’école. «Les enfants meurent d’envie d’échanger, de se raconter. Ils veulent surtout parler d’émotion. Ils sont sensibles au pouvoir des mots et cultivent l’absolu. Plusieurs écrivent des lettres, des poèmes, un journal de bord, des chansons. Et les artistes franco-ontariens, ajoute-t-il, aident les jeunes à comprendre le monde dans lequel ils vivent. L’artiste dans l’école est un repère, un peu comme les inuksuks des Inuits.»