S’il n’y avait qu’une chose que le profane devait retenir du Nobel de physique de cette année, ce serait celle-ci : depuis Galilée, la quête des physiciens en a été une de la simplicité et de la symétrie de la nature. Certaines symétries sont constamment visibles — comme vos deux jambes — d’autres sont rompues à tout moment — comme le crayon qui, en équilibre sur sa pointe, finit inévitablement par tomber.
Difficile de croire que quelque chose d’aussi simple puisse valoir à ses auteurs le Prix Nobel de physique. Et pourtant, l’essentiel est là: c’est en creusant profondément dans l’infiniment petit, à la recherche des particules les plus élémentaires, que les trois physiciens récompensés mardi ont développé les équations qui expliquent comment s’est rompue la symétrie — l’équivalent de l’instant où le crayon tombe d’un côté plutôt que de l’autre. Et comment les plus infimes ruptures de cette symétrie ont façonné l’univers tel que nous le connaissons.
En termes savants, on appelle ça «la découverte du mécanisme de rupture spontanée de symétrie en physique subatomique».
C’est ce qui expliquerait pourquoi l’univers est fait de matière plutôt que d’antimatière: infime rupture de symétrie une fraction de seconde après le Big Bang.
C’est ce qui constitue l’assise du «modèle standard» qui, en physique, tente d’expliquer le rôle et l’interaction des multiples particules subatomiques. Autrement dit, la rupture de symétrie, c’est ce qui expliquerait la façon dont cet ensemble de particules s’est formé une fraction de seconde après le Big Bang.