Le gouvernement Ford demeure vague sur son audit des sociétés d’aide à l’enfance

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L'audit du système d’aide à l’enfance de l'Ontario débutera cet automne. On examinera les difficultés à venir en aide aux jeunes vulnérables. Photo: OACAS
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Publié 11/10/2024 par Émilie Gougeon-Pelletier

Le premier ministre ontarien Doug Ford a annoncé cet été que son gouvernement mènerait un audit du système d’aide à l’enfance en raison des difficultés à venir en aide aux jeunes vulnérables.

La province a révélé quelques éléments concernant son approche face à cet examen, ce mercredi 9 octobre, mais est demeurée vague sur plusieurs détails importants.

Des sociétés d’aide à l’enfance de la province ont sonné l’alarme au cours des dernières années, disant que le secteur de la protection des jeunes ontariens les plus vulnérables est à un point de basculement.

premier ministre Doug Ford
Doug Ford.

En août, le premier ministre Ford a reconnu le problème et a annoncé que la province prévoyait lancer un «audit» des sociétés d’aide à l’enfance.

Cet examen sera lancé cet automne, et le rapport final devrait être dévoilé au printemps 2025, ont fait savoir de hauts fonctionnaires du ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires, lors d’une séance d’information technique à l’intention des médias.

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Or, la date précise du lancement de l’audit reste à déterminer. La province doit d’abord lancer un appel d’offres et déterminer quelle tierce partie mènera l’examen.

Le ministère n’a pas indiqué quand il a pris la décision de mener cet audit ni qui lui a demandé de le faire.

Qualité des services

La province a identifié neuf domaines d’intérêt dans le cadre de cet audit, y compris la qualité des services et de la protection, la sécurité des lieux de placements et l’utilisation des différents soutiens communautaires.

L'ombudsman de l'Ontario, Paul Dubé.
Paul Dubé.

Le 5 septembre dernier, l’Ombudsman de l’Ontario, Paul Dubé, a annoncé qu’il lançait une enquête sur des cas de jeunes placés dans des hôtels, des motels, des bureaux et des caravanes-roulottes par des sociétés d’aide à l’enfance.

«Nous sommes au courant de nombreux incidents partout dans la province où des enfants ont été placés dans des endroits sans permis, et dans bien des cas, cela soulève de graves inquiétudes pour leur sécurité, leur vie privée et leur confort», avait écrit le protecteur du citoyen dans un communiqué.

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Avant même qu’il fasse cette annonce, des membres de l’équipe de M. Dubé avaient déjà rencontré certains des jeunes «pour constater leurs conditions de vie et entendre leurs préoccupations directement»», disait-il.

Les familles consultées?

Même si la province a déjà élaboré les objectifs de l’examen, il est toutefois trop tôt pour savoir si les jeunes et les familles qui nécessitent et qui reçoivent les services des sociétés d’aide à l’enfance auront leur mot à dire, ont fait comprendre les hauts fonctionnaires du ministère.

On sait par contre que 37 des 50 sociétés d’aide à l’enfance de la province feront partie de l’évaluation; les 13 restantes, dont les services sont fournis par des communautés autochtones, en seront exclues.

La Loi fédérale concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis, confère à ces communautés la liberté d’élaborer leurs propres politiques et lois concernant les services à l’enfance.

Pratiques financières

L’audit de la province mettra un fort accent sur les pratiques financières des différents organismes.

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Doug Ford a récemment déclaré qu’il avait entendu des «histoires cauchemardesques» d’agences payant un loyer pour des bureaux dans des immeubles «Taj Mahal» et de gestionnaires s’accordant des primes «sans se soucier des enfants».

La province veut étudier la rémunération des dirigeants, le rapport qualité-prix dans la prestation des services, les dépenses des différentes sociétés d’aide à l’enfance et le ratio gestion-personnel.

Blâmer les sociétés d’aide à l’enfance pour une mauvaise gestion financière est un «mensonge éhonté», a réagi la présidence du Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO), JP Hornick.

Le SEFPO représente 3200 travailleurs de la protection de l’enfance dans 13 agences différentes.

Distraction?

Cet audit du système de protection de l’enfance mené par le gouvernement Ford «sert à détourner l’attention de sa responsabilité dans la crise», a dénoncé le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), mardi.

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«Il faut régler cette crise de toute urgence, mais le gouvernement n’a encore rien fait», a soutenu le président du SCFP-Ontario, Fred Hahn.

Le SCFP représente environ 5000 travailleurs à la protection de l’enfance dans 27 agences de la province.

«Les travailleuses et travailleurs, les personnes qui se portent à la défense des droits des enfants et les familles sonnent l’alarme depuis des années au sujet des difficultés à relever pour assurer la sécurité des enfants et des jeunes. Le fait que Doug Ford tente de rejeter le blâme sur des agences individuelles montre à quel point il est hypocrite», a-t-il déploré.

Le gouvernement Ford avait déjà mis en œuvre une «refonte» de la protection de l’enfance, rappelle le SCFP, «signalant un changement dans les priorités provinciales en faveur de travaux d’intervention précoce qui exigent plus de ressources et qui visent à garder les familles unies».

«Le financement n’a pas suivi cette réorientation, car environ 90% des agences accusent actuellement des déficits financiers de plusieurs millions de dollars, laissant les travailleuses et travailleurs combler des lacunes dangereuses dans un contexte de licenciements et de restrictions des services», ajoute le syndicat.

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Le ministre Michael Parsa. Photo: Émilie Gougeon-Pelletier, Le Droit

Soutien financier

Or, le gouvernement progressiste-conservateur affirme avoir offert un soutien financier sans précédent pour la protection de l’enfance au cours des dernières années, soit une hausse de 14 millions $, cette année, en plus d’une augmentation de 76,3 millions $, l’an dernier.

«Le financement du système de protection de l’enfance a augmenté de façon constante et les règles ont été renforcées par la législation. Cependant, nous continuons de voir des enfants passer entre les mailles du filet», a indiqué le ministre des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires, Michael Parsa, via une déclaration envoyée par courriel.

«Nous savons qu’il faut faire davantage pour garantir que chaque dollar est dépensé efficacement pour soutenir ces enfants et ces jeunes. C’est pourquoi nous franchissons cette nouvelle étape en procédant à un examen sectoriel afin de mieux comprendre les pressions auxquelles sont confrontées les sociétés d’aide à l’enfance et de veiller à ce qu’elles continuent de se concentrer sur la prestation de services et de soutien de haute qualité tout en protégeant les enfants qui reçoivent des services de ces sociétés», a-t-il écrit.

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