Propos virulents à Queen’s Park sur la fête du drapeau franco-ontarien

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 30/09/2008 par La Presse Canadienne et L'Express

La journée commémorant la naissance du drapeau franco-ontarien a été ternie, jeudi dernier, par les commentaires acerbes d’un député conservateur.

Le député de Thornhill à Queen’s Park, Peter Shurman, a affirmé que l’emblème créé il y a 33 ans est inutile et divise davantage qu’il n’unit la population. «Un drapeau ou un emblème spécial pour notre communauté francophone est divisif (sic) et c’est une sorte de barrière entre nos deux peuples fondateurs», a-t-il lancé. «Le seul symbole de fierté, c’est (le drapeau) de l’Ontario. Pas besoin d’un autre drapeau pour le prouver», a-t-il ajouté.

«À Québec, par exemple, est-ce que les anglophones ont leur propre emblème ou drapeau?» a aussi demandé M. Shurman lors de son allocution à Queen’s Park. «Non, monsieur le président. Tout le monde est fier d’un seul drapeau québécois.»

Le député répliquait ainsi à la ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur, qui venait de vanter le drapeau à l’Assemblée législative. Celle-ci s’est dite «très déçue d’entendre cela».

«Je croyais ce genre de propos dépassés», a-t-elle rajouté, faisant remarquer que «son parti (Progressiste-Conservateur de John Tory) l’a applaudi après son discours.»

Selon Mme Meilleur, le drapeau franco-ontarien est comparable au drapeau acadien. «Je ne vois pas de division là-dedans.» Le lys et le trille «nous accompagne dans nos victoires comme dans nos luttes», a-t-elle imagé.

Publicité

Déception dans la communauté

La présidente de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Mariette Carrier-Fraser, a déclaré à Radio-Canada qu’elle croyait que le député Shurman était mal informé. Elle rappelle que c’est son parti qui a reconnu officiellement le drapeau franco-ontarien en 2001 (Loi sur l’emblème franco-ontarien). Selon Mme Carrier-Fraser, le député Shurman devrait savoir que le drapeau est accepté par la population et que, loin de causer des divisions, il enrichit au contraire l’ensemble de la province.

De son côté, la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadiennes, Lise Routhier-Boudreau, s’est dite surprise du commentaire du député Shurman. Selon elle, le sentiment d’appartenance à la communauté francophone n’enlève rien à la fierté d’être Ontarien. Elle souligne qu’il existe plusieurs drapeaux pour représenter les communautés de langue française au pays et ajoute qu’ils ne sont pas remis en question pour autant.

D’autres observateurs francophones font aussi remarquer que c’est plutôt le drapeau britannique, le «Union Jack», qui orne encore un coin du drapeau de la province, qui serait un symbole «divisif». D’autres symboles coloniaux comme la couronne britannique anachronique qu’on voit sur nos plaques d’immatriculation et le visage de la reine d’Angleterre sur notre monnaie, sont loin de faire l’unanimité.

C’est le 25 septembre 1975, à l’Université de Sudbury, que le drapeau vert et blanc créé par le professeur d’histoire Gaëtan Gervais et un groupe d’étudiants franco-ontariens a été hissé pour la première fois. Les couleurs du drapeau représentent l’hiver et l’été, la fleur de lys évoque l’appartenance des Franco-Ontariens à la francophonie et le trille symbolise l’Ontario.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur