Hasard ou démarche consciencieuse? L’enfant semble avoir été un thème récurrent de la programmation du Festival International du Film de Toronto de cette année. C’est en tout cas autour de lui que se sont articulés nombre des films que j’ai visionnés durant cette semaine. Ange ou démon, moteur ou prétexte de l’histoire, bébé ou jeune adulte, l’enfant occupe une place prépondérante dans le 7e Art.
Il est le catalyseur du film dans Vinyan de Fabrice du Weiz, histoire d’un couple qui se perd dans la folie, entre horreur et science-fiction, alors qu’il part à la recherche de leur petit garçon de huit ans, mystérieusement disparu lors du Tsunami en 2004, et qui semble mystérieusement réapparaître quelques mois plus tard, dans un film tourné par une ONG à la frontière entre la Birmanie et la Thaïlande pour une collecte de fonds.
L’enfant devient alors une obsession qui vaut tous les sacrifices pour qu’on le retrouve et Emmanuelle Béart et Rufus Sewell iront se perdre dans cette poursuite déchirante. Hantise similaire pour un chauffeur de taxi à Kaboul qui se retrouve désemparé avec le bébé qu’une passagère voilée a abandonné dans sa voiture.
The Kabuli Kid tisse ainsi son exposé sur une société meurtrie qui tente de se relever de plusieurs décennies de guerres et d’oppressions autour de la recherche frénétique de cet homme qui tente de trouver une mère pour l’enfant abandonné. Objet de convoitise, de haine, de peur et d’amour, l’enfant offre une lecture à la fois émotionnelle et documentée des personnages du film de Barmak Akram, déchirés entre la réalité difficile du quotidien à Kaboul en 2008, les traditions et conditions extrêmes qui mènent les femmes à abandonner parfois leurs enfants et des valeurs humaines fondamentales qui fondent la culture afghane.
Toujours but ultime à atteindre, l’enfant révèle également dans le L’empreinte de l’ange de Safi Nebou les forces insoupçonnées et les parts d’ombre les plus secrètes des protagonistes de cette sombre histoire. Persuadée de voir dans la petite sœur de l’ami de son fils, sa propre fille déclarée morte dans un incendie à la maternité huit ans plus tôt, Catherine Frot n’aura de cesse d’approcher l’enfant pour établir un lien et de pousser à bout Sandrine Bonnaire, la mère de l’enfant, persuadée que celle-ci cache quelque chose.