Un budget fédéral encore loin de la réconciliation, selon l’Assemblée des Premières Nations

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La cheffe nationale de l’APN, Cindy Woodhouse Nepinak, reste déçue du manque de financement en lien avec l’infrastructure et le logement pour les Premières Nations. Photo: capture d’écran CPAC
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Publié 24/04/2024 par Chantallya Louis

L’Assemblée des Premières Nations (APN) soutient que le budget fédéral 2024 ne répond pas aux besoins urgents et à long terme des communautés autochtones du pays, bien qu’elles accueillent favorablement les nouveaux investissements proposés par le gouvernement de Justin Trudeau.

Le budget fédéral, présenté le 16 avril dernier par la ministre des Finances, Chrystia Freeland, propose des investissements dans les priorités autochtones qui totalisent un peu plus de 9 milliards $ sur cinq ans.

Parmi ce montant, le gouvernement prévoit une enveloppe 918 millions $ sur cinq ans à compter de l’année 2024-2025 pour «accélérer les travaux visant à cerner les lacunes en matière de logement et d’infrastructure des Premières Nations, des Inuits et des Métis», rapporte le budget.

Un manque important pour le logement

Toutefois, un rapport de l’APN publié une semaine avant le budget soutient que le gouvernement devrait investir 349,2 milliards $ pour contrer les problèmes en matière d’infrastructures, de logement et de connectivité numérique pour les Premières Nations d’ici 2030.

«[Le] budget concernant le financement du logement, du maintien de l’ordre, des routes et de l’eau est loin de combler les lacunes de longue date en matière d’infrastructure, qui sont à l’origine de tant de difficultés pour les peuples des Premières Nations», a lancé la cheffe nationale de l’APN, Cindy Woodhouse Nepinak, lors d’une conférence de presse le 17 avril.

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Par ailleurs, la vérificatrice générale du Canada abonde dans le même sens avec son plus récent rapport publié le 19 mars, Le logement dans les collectivités des Premières Nations.

«Il n’y a eu aucune amélioration significative des conditions de logement dans les collectivités des Premières Nations», affirme-t-elle.

«De 2015‑2016 à 2021‑2022, le pourcentage des logements nécessitant des réparations majeures est passé de 20,8% à 19,7%, indique le rapport. Tandis que le pourcentage des logements dans les collectivités des Premières Nations qui devaient être remplacés a augmenté, passant de 5,6% à 6,5%.»

Crise du logement

En novembre dernier, la ministre des Services aux Autochtones, Patty Hadju, avait réitéré la promesse du gouvernement libéral de remédier à la crise de logement et d’infrastructure qui touche les communautés autochtones d’ici 2030.

Pourtant, selon le chef régional de Terre-Neuve-et-Labrador, Brendan Mitchell, avec le montant proposé dans le budget 2024, ils n’y arriveront pas.

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«Je m’attends à ce que le fossé [entre les Autochtones et les Canadiens] se creuse davantage au fur et à mesure que nous avançons et nous serons dans la pire des positions en 2030-2035», a-t-il avancé en conférence de presse.

«Encore pire»

Le grand chef de la communauté mohawk d’Akwesasne, Abram Benedict, a rappelé que les infrastructures dans les communautés autochtones continuent de se détériorer, alors que la surpopulation demeure une réalité dans plusieurs des communautés.

«Dans les communautés éloignées, c’est encore pire. L’accès à l’eau potable reste une priorité», a-t-il soutenu lors de la conférence de presse.

«On a besoin que le gouvernement fédéral travaille de concert avec nos communautés», a-t-il ajouté, mentionnant que plusieurs des programmes conçus en partenariat entre les gouvernements provinciaux et fédéral n’incluent pas les Premières Nations.

Selon lui, les investissements annoncés la semaine dernière n’aideront pas à combler ce fossé, qui continuera à se creuser.

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Abram Benedict veut que le gouvernement fédéral travaille de concert avec les communautés autochtones. Photo: capture d’écran CPAC

Quelques financements prévus à compter de 2024-2025

2,3 milliards $ sur cinq ans sont prévus pour le renouvellement de différents programmes pour Autochtones;

  • 1,3 milliard sur cinq ans pour la mise en œuvre de la Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis;
  • 30 millions sur trois ans pour favoriser la participation des Autochtones à la recherche;
  • 649,4 millions sur deux ans pour améliorer l’enseignement primaire et secondaire dans les réserves;
  • 545,1 millions sur trois ans pour construire et rénover des milieux d’apprentissage pour les élèves de la maternelle à la 12e année des Premières Nations;
  • 65 millions sur cinq ans pour le Bureau de l’écran autochtone;
  • 225 millions sur cinq ans pour offrir des programmes de langues et de cultures autochtones à l’appui de la Loi sur les langues autochtones.

Les mesures pour le climat encore trop timide

Dans un communiqué, le Conseil circumpolaire inuit dit apprécier les annonces budgétaires du fédéral en ce qui concerne l’éducation et les enfants inuits.

Toutefois, les mesures pour lutter contre les changements climatiques ne sont pas suffisantes, estime sa présidente, Lisa Koperqualuk.

«Nous perdons la couche de glace de l’Arctique à un rythme alarmant. Du point de vue des Inuits, les mesures prises pour réduire les émissions de carbone ne peuvent pas être mises en œuvre assez rapidement.»

«Je me demande où seront construites toutes ces maisons si toutes les terres sont inondées ou si les communautés sont réduites en cendres», renchérit-elle.

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Pas d’investissement en santé pour les Métis

Au total, c’est plus de 1 milliard $ que prévoit investir le gouvernement fédéral pour améliorer l’accès aux soins de santé des Premières Nations et des Inuits, mais les communautés métisses ne sont pas mentionnées dans cette section du budget.

Bien que le Ralliement national des Métis (RNM) se réjouisse des investissements annoncés par la ministre des Finances en général, «il subsiste des lacunes importantes dans le financement fondé sur les distinctions dans des domaines tels que la santé et la gestion des situations d’urgence», souligne le RNM dans un communiqué de presse.

De son côté, lors de la conférence de presse de l’APN, Cathy Merrick, la grande cheffe de l’Assemblée des chefs du Manitoba, a tenu à souligner qu’il y a des décès prématurés dans plusieurs communautés autochtones en raison des lacunes entourant l’accès à la santé.

Auteurs

  • Chantallya Louis

    Journaliste pour Radio-Canada, Francopresse et aujourd'hui Le Droit à Ottawa. Diplômée en Études internationales, Langues modernes, Entrepreneuriat social et Administration publique. Elle parle français, anglais, espagnol et créole haïtien.

  • Francopresse

    Le média d’information numérique au service de la francophonie canadienne, qui travaille de concert avec les journaux membres de Réseau.Presse.

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