Le Fort Rouillé

Il y a 255 ans

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Publié 21/02/2006 par Paul-François Sylvestre

Sous le régime français, le site actuellement formé par la ville de Toronto a vu naître trois forts. Le premier fut un poste ou magasin royal érigé en 1720 sur le promontoire qui surplombait l’actuelle rivière Humber. Le second fut érigé par le chevalier de Portneuf en 1750 à l’embouchure de la rivière Humber. Le troisième est le Fort Rouillé, souvent appelé Fort Toronto, qui célèbre cette année son 255e anniversaire.

C’est durant l’hiver 1750-1751 qu’a lieu la construction du troisième fort français. Nommé Fort Rouillé en l’honneur du ministre de la Marine et des Colonies, Antoine-Louis Rouillé, cette construction a la forme d’un carré fortifié de 29 mètres de côté, flanqué de quatre bastions. On y retrouve les quartiers du commandant et du corps de garde, une forge, une boulangerie et un magasin.

Bâti d’abord pour maximiser le rendement du commerce des fourrures, le fort Rouillé sert aussi à décourager les intrusions des Iroquois et des Anglais sur la rive nord du lac Ontario.
On s’imagine facilement l’activité fébrile qui régnait au Fort Rouillé au milieu du XVIIIe siècle. Les préparatifs de guerre contre les Britanniques et la construction de nouveaux postes faisaient défiler à ce troisième fort français, en plus des habituels missionnaires, commerçants et autochtones, de nombreux artisans et soldats. La présence de Fort Rouillé doit être comprise, en effet, dans le contexte du réseau de postes militaires mis en place par les Français dans les régions des Grands Lacs pour y consolider leur présence.

Sur le plan strictement défensif, le Fort Rouillé présente seulement un caractère dissuasif puisque, même s’il était pourvu de quatre petits canons, il lui aurait été impossible de soutenir un siège ou de résister à des attaques d’artillerie lourde. En 1759, après une série de revers militaires, l’ordre de brûler le fort et de se replier sur Montréal avec ses quinze hommes parvient au capitaine Alexandre Douville. Il l’exécute… et c’est la fin de la présence des soldats du roi de France en Ontario.

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Depuis, le site du Fort Rouillé s’est en partie effondré à cause de l’érosion par les eaux du lac. Le terrain a été nivelé en 1878 lors de l’aménagement du complexe de l’Exposition nationale canadienne. Tout cela a rendu plus ardue la tâche des archéologues qui ont procédé à des fouilles en 1979, 1980 et 1982.

Source: La Société d’histoire de Toronto, Toronto: fondation et présence francophone de 1720 à nos jours, collection «Toronto se raconte», 1991.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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