Dans le mémoire qu’il présentait en mai 1988 au Comité législatif sur le projet de loi C-72 sur les langues officielles, le président de l’Association des juristes d’expression française de l’Ontario (AJEFO), alors Maître John Richard, avait profité de l’occasion pour signaler que les obstacles à l’utilisation du français devant les tribunaux de l’Ontario avaient de quoi décourager même le plus convaincu des francophones.
Lorsqu’en 1992, j’ai quitté Ottawa pour m’établir à Toronto, j’ai été surpris d’entendre le juriste francophone le plus en vue dans la métropole affirmer qu’il était souvent dans l’intérêt des francophones de ne pas tenter d’utiliser le français dans le domaine juridique tellement il y avait des obstacles à surmonter. Il avait malheureusement raison ; au cours des années, j’en ai eu la démonstration dans de nombreux dossiers. Et, trop souvent, mes clients, mes amis et moi, nous continuons à en subir les conséquences.
Le 16 juillet 2007, une dirigeante d’un organisme provincial de la francophonie ontarienne partageait avec la ministre déléguée aux Affaires francophones de l’Ontario l’expérience qu’elle et son conjoint avaient eu en tentant d’utiliser le français dans le domaine juridique. Son témoignage était éloquent et je n’étais pas surpris d’y lire « nous devons conclure après cette expérience que nous n’entreprendrons plus jamais de procédure de ce genre en français. » En 2008, serait-il exagéré d’affirmer le même constat que celui prononcé en 1988 par le président de l’AJEFO ? En dépit de développements spectaculaires au cours des vingt dernières années, hélas oui !
Mais chacun de nous peut contribuer à faire lever ces obstacles à l’épanouissement de notre communauté. J’entends vous faire de temps à autre quelques suggestions à cet égard. Aujourd’hui, j’attire votre attention sur un récent organisme du gouvernement de l’Ontario, le Commissariat aux services en français. Je vous invite à visiter le site Internet www.csf.gouv.on.ca et à devenir des collaborateurs de François Boileau et de sa petite équipe. Ensemble, on peut faire une différence et c’est toute la communauté franco-ontarienne et francophile qui en bénéficiera. Je reviendrai sur ce sujet dans d’autres chroniques.