Programmes en français: entente entre les universités d’Ottawa et de Sudbury

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Marc Gauthier, président de l’ACFO du grand Sudbury; Jacques Frémont, recteur de l’Université d’Ottawa; Serge Miville, recteur de l'Université de Sudbury; Peter Hominuk, directeur général de l'AFO. Photo: Julien Cayouette, Francopresse
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Publié 15/03/2024 par Émilie Gougeon-Pelletier

L’Université de Sudbury et l’Université d’Ottawa ont annoncé jeudi avoir signé un protocole de partenariat visant à offrir, à compter de la rentrée de septembre 2025, une programmation en français dans le Nord-Est de l’Ontario.

Ce partenariat permettrait à l’UdeS de proposer une série de programmes qui ne sont pas offerts dans la région du Grand Sudbury pour répondre aux besons du marché du travail, a indiqué le recteur Serge Miville, en conférence de presse à Sudbury.

«C’est une approche novatrice qui sert de modèle pour réaliser des économies d’échelle et augmenter la viabilité du secteur partout en Ontario français», a-t-il déclaré.

Les programmes seront «annoncés prochainement», lorsque les sénats des deux institutions auront effectué leur travail, a précisé M. Miville.

Université de Sudbury
L’Université de Sudbury. Photo: Patrick Woodbury, archives Le Droit

Financement

L’Université Laurentienne s’est déclarée insolvable en 2021, forçant la suppression de 69 programmes, dont 28 en français.

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Depuis, l’Université de Sudbury n’a pas offert de cours.

Espérant vouloir devenir une institution postsecondaire autonome «par et pour» les francophones, l’Université de Sudbury avait demandé au gouvernement Ford de financer son projet.

«Il y a presque trois ans jour pour jour, le conseil de gouvernance de l’Université de Sudbury a pris l’audacieuse décision de retourner à ses sources pour redevenir un établissement de langue française du par et pour.» — Serge Miville

N’empêche, le ministère des Collèges et des Universités a annoncé, à l’été 2023, qu’il ne le ferait pas.

Or, plusieurs acteurs impliqués dans ce dossier insistent que le gouvernement ontarien s’est longtemps montré ouvert face à ce projet.

Selon nos informations, la ministre des Collèges et Universités Jill Dunlop avait même déjà donné son sceau d’approbation, en 2022, avant de finalement refuser le financement, près d’un an plus tard.

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La ministre Jill Dunlop. Photo: Patrick Woodbury, archives Le Droit

Nouveau modèle de coopération

Le recteur de l’Université d’Ottawa, Jacques Frémont, a été «l’un des premiers leaders universitaires à discuter avec l’Université de Sudbury pour trouver une solution», a soutenu Serge Miville, jeudi.

Pour que ce partenariat puisse se concrétiser, il faudra que l’UdeS dépose une nouvelle demande de financement auprès du gouvernement provincial.

Quand il déposera son projet auprès de la province, Serge Miville se contentera cette fois-ci de demander un financement pour la concrétisation de son entente avec l’Université d’Ottawa, plutôt que de demander un financement pour le projet d’une université autonome.

Si la province accepte, comme elle le fait avec certaines institutions autochtones, note le recteur Miville, d’éventuelles demandes de partenariats concernant les autres institutions postsecondaires francophones pourraient suivre.

L’annonce de jeudi «jette les bases d’un nouveau modèle de coopération», selon le recteur de l’UdeS.

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En branle depuis plusieurs mois

Le recteur et vice-chancelier de l’Université d’Ottawa, Jacques Frémont, estime qu’il s’agit d’un modèle «gagnant-gagnant».

Le rapport Harrison, commandé par la province et publié en novembre dernier, a émis une recommandation similaire à ce qui était annoncé jeudi, a souligné M. Frémont.

En entrevue avec Le Droit, il a aussi dit que les discussions entourant cette entente étaient bel et bien en branle depuis septembre dernier.

Serge Miville
Serge Miville.

Or, l’idée d’une collaboration entre ces deux universités avait déjà été lancée par le recteur Serge Miville, plusieurs mois auparavant.

L’Université de Sudbury avait envoyé à des fonctionnaires du ministère, en mai 2023, un «organigramme des partenariats».

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Dans ce graphique, que Le Droit a obtenu en vertu de la Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée, on y voit le nom de toutes les institutions avec lesquelles l’Université de Sudbury disait vouloir collaborer.

L’Université de Sudbury affirmait qu’avec l’Université d’Ottawa, elle pourrait proposer des échanges de services «axés sur la francophonie» comme la conception et l’accès à des cours et à des programmes de langue française.

Cette liste comprenait, certes, l’Université d’Ottawa, mais aussi l’Université Laurentienne, les collèges Boréal et La Cité, l’Université de l’Ontario français (UOF) et l’Université de Hearst.

Un modèle différent

En quoi le partenariat annoncé jeudi diffère de ce qui avait déjà été proposé par l’UdeS au gouvernement Ford?

«Le modèle est différent, a précisé Serge Miville en entrevue, mais on ne dévie pas de notre plan initial.»

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Il explique que l’entente qu’il a conclue avec son homologue permettrait à l’UdeS d’offrir des programmes et des cours sur son territoire, un partage des ressources entre les deux institutions et une reconnaissance des crédits, notamment.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) affirme avoir accompagné l’UdeS dans ce protocole d’entente.

Selon le président de l’AFO, Peter Hominuk, il s’agit d’un protocole «prometteur» et il encourage les autres institutions postsecondaires francophones de la province «à aller de l’avant avec des partenaires de la sorte».

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L’Université d’Ottawa. Photo: Ud’O.

Réticences

Ceci dit, certains sont réticents face à ce qui a été annoncé jeudi.

«Ceci est un recul important du principe ‘par et pour’ les francophones en Ontario», a écrit la politologue de l’Université d’Ottawa, Geneviève Tellier, sur le réseau social X (anciennement Twitter).

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Elle s’est aussi questionnée sur le fait que l’AFO «cautionne ceci».

Le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) s’inquiète lui aussi de la place du «par, pour, et avec la communauté» dans cette entente, ainsi que de «l’influence à terme de l’Université d’Ottawa sur la programmation de l’Université de Sudbury».

Le RÉFO se dit toutefois «heureux» d’apprendre que l’Université de Sudbury pourra offrir une gamme de programmes et de cours en français aux étudiants du Nord de l’Ontario, «répondant ainsi à un besoin criant». Et l’organisme étudiant se dit «soulagé» d’apprendre que l’Université de Sudbury conservera son «autonomie institutionnelle».

«On ne lâche pas»

Même s’il s’agit d’une entente avec une université bilingue, le recteur de l’UdeS insiste pour dire que son institution conservera son étiquette de «par et pour», car ce n’est pas l’Université d’Ottawa qui gérera ou qui contrôlera la mise en oeuvre du partenariat.

«On continue, on ne lâche pas», aime répéter Serge Miville.

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