Mental gagnant

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 15/08/2008 par Isabelle Burgun (Agence Science-Presse)

Le champion du monde de natation Michael Phelps paraît imbattable. Figurant parmi les dix meilleurs athlètes des Jeux olympiques 2008, il possède une forme physique exceptionnelle et… un mental gagnant!

«La manière dont l’athlète aborde la compétition fait souvent toute la différence. Est-ce pour lui une menace ou un défi? Pour gagner, il importe d’avoir la tête claire et d’être bien préparé mentalement», soutient Wayne Halliwell, professeur au Département de kinésiologie de l’Université de Montréal.

Consultant auprès de nombreux athlètes d’élite, le Pr Halliwell travaille cette année à la préparation mentale et la motivation de nageurs de l’équipe olympique canadienne, tels Mathieu Bois, Andrew Hurd, Victoria Poon et Geneviève Saumur.

Volet important du support à l’athlète, la préparation mentale s’avère tout aussi indispensable pour décrocher une médaille que la préparation physique. En fait, les deux sont indissociables.

Il faut au départ prendre conscience des exigences des tâches propres à la discipline sportive. « Pour la natation, ce sera un bon départ, une grande fluidité pour les entrées et les sorties de l’eau et un virage efficace. Ce sera différent pour le sprint ou le ski acrobatique », relève le Pr Halliwell.

Publicité

Championne des bosses féminines aux J.O. de Turin en 2006, la skieuse acrobatique Jennifer Heil possède aujourd’hui un mental de fer. C’est beaucoup grâce à la préparation du Pr Halliwell. «Je l’ai aidé à se concentrer, par des mots-clés, et aussi à éliminer du stress lié à la compétition», explique-t-il.

Quatre principales techniques forment la préparation mentale : concentration, respiration, discours interne et visualisation. Pour améliorer sa concentration, l’athlète peut ainsi travailler sa présence dans l’eau et le processus. Il va ainsi visualiser des tronçons de course (50 m, 100 m, etc.) en laissant de côté la technique.

Des mots-clés, générés par ses sensations (fluide, léger, efficace…), vont l’aider à se concentrer sur le moment présent. «Nager doit devenir naturel et automatique. L’athlète doit se concentrer sur ses sensations dans l’eau et cultiver sa confiance en lui», explique le spécialiste en psychologie sportive.

Il faut apprendre à ne pas focaliser sur la médaille, écarter les problèmes et se sentir confiant. Cet exercice prend toutefois des mois, voire des années, de préparation selon la personnalité du sportif.

Ces habiletés mentales se développent plus ou moins facilement selon l’athlète. Une question de tempérament, mais aussi… de sexe! La préparation mentale serait plus aisée pour les filles. «Elles sont généralement plus sensibles et à l’écoute de leur corps. Le travail devient alors facile», relève l’entraîneur.

Publicité

Écoute, rencontres et témoignages d’anciens champions, différentes méthodes aident à bâtir le plan de préparation propre au sportif. Membre d’une équipe, son sentiment d’appartenance contribue aussi à garder un mental gagnant (support, ressources, expériences).

Si le sentiment de collectivité joue un rôle crucial pour les sports d’équipe — où il importe alors de développer un bon niveau de cohésion sociale — ce n’est pas le cas en individuel. Le niveau d’autonomie élève le stress. «C’est plus exigeant. L’athlète se sent plus responsable d’un succès ou d’un échec», relève M. Halliwell.

Lorsque résonne le signal, l’athlète doit pourtant se jeter à l’eau. Il compose alors avec la somme de ses préparations physique et mentale. La compétition constitue l’accomplissement du processus. «C’est la règle des 3 P: planification, préparation et performance. On doit lui avoir permis de réaliser l’athlète qu’il est», soutient l’entraîneur. Et les futurs médaillés seront ceux qui n’en doutent plus!

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur