Consommer des insectes? Ce qu’il faut savoir…

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Un aliment Primal Future à base d'insectes.
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Publié 23/07/2023 par Kathleen Couillard

Bien qu’ils soient peu répandus dans les pays occidentaux, les produits alimentaires à base d’insectes sont en expansion. Et cette expansion s’accompagne d’inquiétudes. Voyons ce que l’on sait de la sécurité de ces produits.

Logique environnementale

La logique derrière l’augmentation de la consommation d’insectes n’est pas seulement qu’il s’agit d’une pratique courante ailleurs dans le monde. Elle est aussi environnementale: leur élevage requiert moins d’espace.

Des deux côtés de l’Atlantique, de plus en plus de produits à base d’insectes sont disponibles. Notamment sous forme de croustilles, de craquelins, de biscuits, de poudre ou même d’insectes entiers, remarquait une compilation de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) effectuée en 2017-2018.

Tout récemment, la Commission européenne a approuvé la mise en marché de deux nouveaux produits à base d’insectes: le ver de farine A. diaperionus et la farine partiellement dégraissée de grillon. Ceux-ci s’ajoutent à trois autres déjà commercialisés en Europe.

C’est dans le contexte de cette dernière décision que des médias européens se sont inquiétés de la sécurité de ces produits. Mais on s’interroge aussi sur leur utilité. Voici quelques questions courantes.

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Un insecte, est-ce nutritif?

Selon les experts européens cités plus haut, il est difficile de généraliser quant aux qualités nutritionnelles en raison du très grand nombre d’espèces d’insectes.

Dans un rapport de 2021, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations unies (FAO) ajoutait que les conditions d’élevages et le stade de développement lors de la récolte pouvaient aussi avoir un impact.

Les insectes sont généralement considérés comme une bonne source de protéine. Toutefois, estimer la teneur en protéine est plus complexe qu’avec les grands animaux.

Il faut également déterminer si ces protéines sont faciles à digérer et si leur composition en acide aminé répond aux besoins des humains. Une étude réalisée en 2019 a montré que lorsqu’on mesure ces deux critères, le ver de farine obtient un score comparable aux légumes (76% vs 73%), mais inférieur au soya (91%) et au bœuf (92%).

Les insectes seraient aussi une source de vitamines et de minéraux. Si les insectes en viennent à remplacer certains aliments, il faudra toutefois évaluer les conséquences sur les apports nutritionnels de la population, ajoutent les experts européens.

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La FAO note d’ailleurs que certains insectes sécrètent des substances antinutritionelles, c’est-à-dire qu’elles interfèrent avec l’absorption d’autres nutriments. Par exemple, certaines espèces de mouches produisent de la thiaminase qui peut causer des carences en vitamine B1.

Quels sont les risques microbiologiques?

Les insectes peuvent être porteurs de bactéries dangereuses pour l’humain, note la FAO. Des cas de botulisme rapportés en Afrique étaient associés à la consommation d’insectes.

Cet enjeu est d’autant plus important qu’il est impossible de retirer le contenu du système digestif lors de la transformation. Les risques de transmission de virus par les insectes comestibles seraient toutefois faibles, note la FAO.

Certains cas d’insectes porteurs de parasites ont été observés en Asie, mais le phénomène est très peu documenté.

Cela dit, les risques microbiologiques peuvent être réduits en utilisant de bonnes pratiques d’hygiène pendant la production.

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Dans son analyse de 2017-2018, l’Agence d’inspection des aliments du Canada avait testé 51 échantillons d’insectes comestibles pour évaluer la présence de Salmonella spp. et d’E. coli, deux bactéries utilisées comme indicateurs des conditions sanitaires pendant la chaîne de production. Aucune de ces deux bactéries n’a été détectée dans les échantillons testés.

Dans un rapport de 2015, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait conclu que les insectes produits selon la réglementation en place ne comportaient pas plus de risques microbiologiques que les produits d’origines animales.

Quels sont les risques de toxicité?

Certains insectes sécrètent aussi des substances toxiques pour l’humain. C’est le cas du ténébrion meunier adulte, qui produit la benzoquinone comme moyen de défense.

Le rapport européen souligne que nous ne disposons pas d’un historique d’utilisation et que c’est pourquoi il est important de réaliser davantage d’études toxicologiques.

Peuvent-ils causer des allergies?

Sur son site, Allergies Alimentaires Canada explique que les protéines de grillon sont similaires à celles des crustacés comme le crabe, les crevettes et le homard.

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Par conséquent, les gens qui y sont allergiques pourraient réagir aux insectes. C’est aussi le cas des personnes allergiques aux coquerelles ou aux acariens. Des réactions allergiques graves au ver de farine ont également été rapportées chez des patients allergiques aux fruits de mer, ajoute la FAO.

Lors de l’approbation de nouveaux produits en janvier, l’EFSA a d’ailleurs conclu que ceux-ci pouvaient déclencher des allergies chez les personnes vulnérables et qu’une mise en garde devait être affichée sur l’emballage.

Les aliments à base d’insectes sont-ils réglementés?

En Europe, les insectes qui n’étaient pas consommés de façon significative avant mai 1997 sont considérés comme de nouveaux aliments. Avant leur mise en marché, ils doivent donc faire l’objet d’une évaluation par l’EFSA.

Par ailleurs, une fois autorisée, la présence d’insectes dans un produit alimentaire doit être indiquée sur l’étiquette, en particulier en raison des risques d’allergies.

Au Canada, les insectes comestibles doivent satisfaire les mêmes critères que tous les autres aliments. C’est l’ACIA qui teste ces produits pour la présence de pesticides, de métaux lourds et de pathogènes.

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Elle inspecte également les installations des fabricants. En cas de problème, l’ACIA peut publier des avertissements, exiger du fabricant des actions correctives, voire effectuer des saisies ou des rappels.

Auteurs

  • Kathleen Couillard

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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