Dans le cadre du festival Caribana, de nombreux concerts ont lieu à Toronto ces dernières semaines. Parmi les groupes présents, Kassav qui se produira le jeudi 31 juillet au Sound Academy. Considéré comme l’inventeur du zouk, ce groupe fêtera ses 30 ans l’année prochaine. Depuis le début des années 1980 ce style musical, né aux Antilles françaises, s’est développé et a influencé de nombreux artistes antillais et africains.
Tout a commencé en 1979 lorsque des musiciens antillais, Pierre-Édouard Décimus, Georges Décimus, Freddy Marshall et Jacob Desvarieux ont commencé à jouer ensemble en modernisant la musique populaire des carnavals créant un nouveau genre musical: le Zouk, devenu par la suite très populaire aux Antilles, en Afrique et en France ou le groupe s’est produit plusieurs fois au Zénith de Paris.
Cette rencontre entre musiciens antillais venant d’univers musicaux divers a produit le groupe Kassav, la cassave étant une galette à base de manioc et de noix de coco, bien connue aux Antilles. Le groupe s’est élargi dans les années qui ont suivit avec l’arrivée de Jean-Philippe Marthely et de la voix féminine de Kassav: Jocelyne Beroard. Profitant de la notoriété, certains membres ont mené une carrière solo en parallèle. Il semble que le groupe ait apprécié l’ambiance lors de son premier passage à Toronto en août 2007 où un millier de personnes étaient présentes. Toronto est encore une terre relativement peu connue pour Kassav plus habitué à se produire à Montréal où ils se sentent «comme à la maison» selon Jean-Philippe Marthely, l’un des chanteurs du groupe. Il ajoute que l’importance de la communauté antillaise en particulier haïtienne y est sans doute pour quelque chose, même si leur succès ne se limite pas à ces communautés.
Interrogés sur la démarche du festival Caribana ils trouvent cela formidable et déplorent qu’un tel événement puisse difficilement avoir lieu en France. Selon le chanteur, «en France, les portes ne sont pas ouvertes et il serait très difficile d’organiser un tel festival». Il ajoute que «les producteurs et les maisons de disques sont très peu intéressés par les musiques afro-antillaises» et précise que le groupe, qui a connu plusieurs grands succès, dont le titre «Zouk la sé sèl medikaman nou ni» en 1985, a du mal à passer en TV malgré sa notoriété.
Ne connaissant pas assez Toronto pour juger, il a pu cependant comparer la France à Montréal et considère que les Québécois sont beaucoup plus ouverts que les Français aux musiques afro-antillaises.