Au point culminant du politiquement correct, Air Canada fut à la pointe du progrès. Les hôtesses de l’air étaient soigneusement choisies pour leur physique ingrat. Certaines parce qu’elles étaient robustes comme un débardeur. Souvent moustachues, ce qui les rendaient attrayantes pour les défavorisés. Je me souviens de vols avec des dames plus toutes jeunes et pas très avenantes. La laideur n’incite pas toujours au sourire. Je me rappelle aussi des hôtesses dont la largeur tenait l’espace du couloir et qui avaient toutes les peines du monde à ramasser par terre la petite cuillère tombée de leur plateau. Elles étaient volontiers revêches et suscitaient le respect que la morale du temps favorisait.
Surprise! Mon dernier vol Paris-Toronto était peuplé de pin-ups genre première classe d’avant la morale. Toutes jolies comme des coeurs, maquillées comme des top models, habillées comme des mannequins et souriantes! On en oubliait l’absence des apéritifs et des amuse-gueules servis du temps où Air Canada était riche. On ne savait plus si le boeuf aux carottes était bien un plat de gourmet ou non. Pour compléter cette ambiance idyllique, les demoiselles servaient abondamment un vin très acceptable.
Ce jour-là, on a décollé avec 2 heures de retard. Mais les hôtesses étaient si belles que tout le monde aurait encore souhaité des heures de vol à l’arrivée! Si bien que je me demande si toutes ces pin-ups n’avaient pas pour rôle principal d’endormir les râleurs éventuels.