Coudre et découdre

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Publié 10/06/2008 par Pierre Léon

«Je suis catastrophée.»
(Sahem Habchi, Présidente de l’Association Ni putes ni soumises).

«Oh, Marie, qui avez conçu sans pécher,
laissez-nous pécher sans concevoir.»
(Madonna)

Vous vous souvenez peut-être de la rigolade biblique qu’est l’histoire d’Abraham livrant la belle Sarah, son épouse, à Abimelech (Genèse XX, 3-4). Ce dernier est condamné par Jéhovah à un châtiment tout spécial. La femme d’Abimelech et ses servantes seront «fermées par le bas». Abraham, se sentant le vrai coupable intercède auprès de Dieu, qui accepte de découdre ce qu’il avait cousu. Cette histoire rocambolesque de nénettes recousues et décousues (Genèse XX, 17-18), est une des nombreuses préoccupations des machos bibliques.

Dans toute l’histoire religieuse, la virginité des filles est une obsession. Le Livre Saint, raconte des razzias où l’on s’empare de vierges – les autres on les trucides. Comme dans l’épisode de l’attaque de Jabès en Gallad: «Ils s’emparèrent de quatre cent jeunes vierges qui n’avaient pas connu d’hommes par cohabitation maritale et les amenèrent au camp, à Silo, qui est au pays de Canaan» (Juges XXI, 12).

Jésus est né de Marie. Elle avait déjà quatre enfants mais elle est devenue officiellement vierge en 1854, grâce au dogme de l’Immaculée Conception.

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C’est d’ailleurs une vieille habitude dans toutes les religions de faire naître les dieux d’une vierge. La chose est moins commune que d’avoir un père naturel. Ainsi l’Hindou, Jezeus Christna, était né de la Vierge Devanaguy. C’est encore une même vierge qui a donné naissance à Mithra, dieu taurobole des Perses, dont le culte a failli supplanter le christianisme.

La même, toujours vierge, a également engendré Horus, dieu égyptien. Le bœuf Api, autre dieu égyptien, est né d’une génisse (donc vierge), fécondée par un éclair. On ne compte plus les dieux chinois nés de vierges fécondées de manière miraculeuse*.

L’Islam a perfectionné le culte de la virginité. Plus que les autres, religion d’hommes, il continue avec les fondamentalistes, à tourmenter là-dessus les femmes. En 2008, un procès moyenâgeux vient en effet de condamner une femme, dans un pays essentiellement laïc, la France.

Un juge de Lille convaincu que la fiancée du marié avait prétendu être vierge, alors qu’elle ne l’était pas, l’a déclarée coupable et a annulé leur mariage. Les Anglais, qui aiment bien les histoires amoureuses un peu croustillantes, racontent que le marié a bondi de son lit sans avoir fini son job et est allé clamer son infortune aux convives de la noce qui battait encore son plein. (On peut même trouver l’information dans le sérieux Herald Tribune.)

Certains disent que le jugement n’a pas porté sur la coutume islamique de la virginité, sacrée pour cette religion, mais sur le fait que le conjoint avait été trompé sur la marchandise. Ce qui revient à condamner juridiquement le mensonge de cocufiage. Si on continue dans cette voie, les tribunaux n’ont pas fini d’être débordés.

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On sait que Rachida Dati, la charmante ministre de la Justice, a eu une mésaventure semblable pour son mariage, arrangé par ses parents et défait par consentement mutuel avec l’homme que sa famille lui avait attribué. Elle a donné raison au juge Lille, qui débarrassait d’un mari trop pointilleux sur le sujet la femme qu’il avait épousée.

Mais le mélodrame ne finit pas là et, au nom des principes laïques, toute la gent politique française – de Ségolène Royal, dite de gauche, à Marine le Pen assurément de droite – c’est un tollé général.

Rachida, effrayée, demande maintenant la révision d’un procès où tout le monde voit la reconnaissance juridique du droit islamique, en France. Une fatwa, contre l’émancipation des femmes musulmanes, comme le dit une autre femme française, secrétaire d’État musulmane, Fadela Amara.

Il est certain que, dans le monde actuel, cette histoire de virginité est ridicule. On a beau dire qu’elle constitue un symbole d’honneur pour la famille musulmane, elle n’est en réalité que le signe de l’asservissement des femmes. Coutume misogyne dégradante, l’examen prénuptial de la virginité est odieux. Vouloir qu’une épouse soit vierge à son mariage revient à affirmer la volonté orgueilleuse du mâle, qui veut être «le premier», même si, lui, a déjà couché avec trente six filles. C’est en même temps le signe d’une agression sexuelle. L’hymen doit être forcé.

Le comble est qu’une femme non vierge peut se faire coudre et recoudre l’hymen autant de fois qu’il le faudra pour satisfaire la bestialité de l’homme. Ça coûte seulement trois mille euros à Paris. Les chirurgiens esthétiques recouseurs d’hymen sont donc bien contents des exigences du Coran.

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Le plus drôle de l’histoire est que l’épouse de Lille est maintenant légalement redevenue la femme d’un mari qu’elle déteste. Rachida avait donc raison sur ce point là. Le reste appartient à la conscience de certains hommes.

Mais pourquoi donc tant d’histoires, puisque Là-Haut, 78 vierges attendent chaque musulman! Il leur suffit d’un peu de patience.

* Pour plus de précisions, voir P. LÉON, Le Pied de Dieu, Toronto, GREF, chapitre 11.

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