Quand les Jeux olympiques étaient sacrés

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Publié 29/04/2008 par Aline Noguès

La société d’Histoire de Toronto a tenu sa dernière conférence de la saison en donnant la parole à Jean-Claude Duthion, directeur de l’Alliance française. Le thème choisi s’inspire de l’actualité pour replonger aux racines mêmes de l’événement: les jeux Olympiques dans l’Antiquité: genèse et évolution d’un phénomène global. Les jeux Olympiques actuels, qui font tant parler d’eux cette année ne sont que de bien lointains descendants des jeux Olympiques antiques.

Jean-Claude Duthion est tout d’abord revenu sur la genèse des jeux modernes. C’est en 1896 que naissent les nouveaux jeux Olympiques, sous la houlette du pédagogue français Pierre de Coubertin.

«Il croyait en une élite naturelle, une aristocratie. Pour lui, l’entraînement sportif, la volonté de compétition jetteraient les bases qui permettraient aux jeunes Français de retrouver la confiance et les valeurs perdues après la défaite de 1871. L’autre but de ces jeux qu’il appelait des ses voeux était le renforcement de la concorde internationale.»

Aujourd’hui, au XXIe siècle, on plonge volontiers dans un idéal antique qui en réalité n’a pas grand chose à voir avec les jeux Olympiques qui se sont tenus entre 776 av. J.-C et 393 ap. J.-C. «Les jeux Olympiques antiques se vivaient dans un contexte politique, culturel, religieux bien différent d’aujourd’hui et pour mieux comprendre ces jeux, il faut s’écarter des fausses représentations véhiculées aujourd’hui.»

Fausse représentation? En voici un exemple frappant: le mardi 25 mars 2008, de jeunes prêtresses vêtues à l’antique faisaient cercle autour de la renaissance de la flamme olympique à Olympie. Mais à l’époque, les femmes n’avaient même pas accès à Olympie!

Poursuivant sa présentation, Jean-Claude Duthion a plongé son auditoire dans l’atmosphère des jeux antiques. On a entendu parler de la nature des épreuves, des récompenses attribués, des règles strictes encadrant les jeux, des châtiments corporels infligés en cas d’infraction à la règle, des combats sanglants, des courses de char qui mettaient en concurrence non pas des conducteurs… mais des propriétaires de chevaux!

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Les éléments de ces jeux antiques transposés dans le présent perdent bien souvent leur signification initiale: «Le flambeau était alors utilisé dans une course de relais, dans le contexte d’une fête religieuse. Quant au célèbre marathon… il n’existait pas. Les jeux étaient profondément liés au religieux et le fait qu’ils n’aient pas été annulés une seule fois en plus de mille ans montre leur caractère sacré!»

La victoire n’avait pas du tout le même sens. Si aujourd’hui, il s’agit de s’améliorer sans cesse, de gagner du temps, la victoire antique avait une autre portée: «Gagner signifiait avoir obtenu la grâce des dieux, la victoire était en quelque sorte parrainée par les dieux et le joueur vainqueur devenait un héros, au sens mythologique du terme.» D’ailleurs, point de deuxième ou de troisième vainqueurs. Un seul homme pouvait être soutenu par les dieux. En guise de récompense, une simple couronne d’olivier suffisait, l’essentiel étant ailleurs…

Au-delà de la compétition, si on constate aujourd’hui une frénésie de construction dans la ville d’accueil des jeux, on se rappellera qu’Olympie était un lieu quasiment désert, une toute petite cité. «C’était un terrain neutre», explique Jean-Claude Duthion.

Mais y a-t-il encore des terrains neutres en ce début de XXIe siècle?

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