Nous assistons depuis quelques semaines à ce qu’on pourrait considérer comme une nouvelle crise alimentaire, une crise d’un nouveau genre.
Vous vous souvenez sans doute de ces images d’Éthiopie dans les années 80, de ces enfants, femmes et hommes, affamés, assoiffés, amaigris, sous un soleil de plomb… Des milliers de morts dans un pays assiégé par la sécheresse et la famine. Aujourd’hui, la crise qui secoue des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine n’est pas provoquée par un manque de nourriture et de ressources, comme l’Éthiopie des années 80.
Non, cette nouvelle crise puise sa source dans les aléas du marché, dans la fluctuation des prix. Les aliments et les produits agricoles coûtent aujourd’hui trop cher. Depuis trois ans, selon la Banque mondiale, les prix des aliments ont grimpé de 83%, une hausse franchement dramatique. Le maïs, le blé, les huiles, le riz, et j’en passe, des biens de première nécessité, des denrées de base sont en proie à une poussée inflationniste qui affecte d’abord et avant tout les plus démunis de la planète.
Bien sûr, la croissance démographique mondiale explique une partie de ce phénomène. La demande des pays émergents, en fort développement, soutient également cette croissance des prix. Mais, il y a deux facteurs aggravants: la spéculation et l’éthanol.
Tous les jours, des milliards de dollars en contrats financiers sur les denrées alimentaires s’échangent dans le monde. Les marchés savent que la demande pour les ressources et les denrées va continuer de grimper. Et, ils misent fortement et avec enthousiasme sur ces produits, alimentant une fièvre spéculative malsaine et dommageable.