L’AEFO devra relever le moral des troupes!

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 19/03/2008 par Aline Noguès

Lors de son congrès annuel qui s’est tenu du 9 au 11 mars dernier, l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) a pu constater une chose: une lourde mission l’attend! Cette rencontre, très marquée par la publication d’un rapport alarmant sur la qualité de vie au travail des enseignants, a permis de lancer des pistes de solutions pour améliorer la situation.

Mais ce congrès a aussi été l’occasion d’élire un nouveau président, Benoît Mercier, enseignant à l’école secondaire catholique Jean-Vanier de Welland. Il remplacera l’actuel président Paul Taillefer à partir du 1er juillet prochain, pour un mandat de deux ans.

«L’une de mes priorités sera de donner suite à l’enquête sur la qualité de vie au travail que l’AEFO vient de rendre publique», affirme M. Mercier.

Ce rapport, dont L’Express faisait état la semaine passée, est inquiétant. Les enseignants ont de nombreux griefs et plus de la moitié d’entre eux seraient prêts à quitter la profession pour un autre emploi à salaire égal.

Tâche mal définie, manque de ressources, valse des programmes ministériels à mettre en oeuvre, iniquités entre collègues dans la répartition de la surveillance ou de la formation, temps de travail supérieur à 50 heures par semaine… Les motifs d’insatisfaction sont nombreux.

Publicité

«Le rythme de mise en oeuvre des initiatives du ministère de l’Éducation est essoufflant, explique Paul Taillefer. On les empile tellement que cela devient un fardeau inacceptable. Par ailleurs, dans nos écoles francophones, il ne faut pas oublier que nous avons une double tâche d’enseigner et d’être des passeurs culturels, si bien que de nombreuses activités s’ajoutent. Il est de plus en plus difficile de concilier vies professionnelle et personnelle et c’est un sacrifice que de nombreuses jeunes familles ne sont pas prêtes à faire.»

En effet, de nombreux jeunes quittent la profession pendant leurs cinq premières années de métier, et 40% des membres de l’AEFO ont moins de cinq ans d’expérience.

Pour essayer de stopper l’hémorragie, l’association a donc adopté plusieurs propositions qui visent à améliorer la qualité de vie au travail de ses quelque 9 000 membres.

«L’AEFO agira sur trois plans, explique Paul Taillefer. Nous allons d’abord sensibiliser les divers intervenants du milieu de l’éducation aux réalités que vit le personnel scolaire. Nous allons ensuite développer des programmes de formation pour que nos membres puissent, par exemple, mieux communiquer avec les parents ou faire face à des situations d’intimidation en milieu de travail. Finalement, nous allons chercher à travailler avec les employeurs et le gouvernement pour améliorer certaines conditions de travail.»

Les conventions collectives du personnel enseignant régulier arrivant à échéance en août prochain, certaines propositions deviendront probablement des revendications de l’AEFO. On parlera sûrement de conditions de travail, de rémunération, de conciliaton travail-famille…

Publicité

Pour l’instant, l’AEFO a commencé des discussions préliminaires avec les directions d’école et le ministère de l’Éducation.

Pour Paul Taillefer, ce dernier semble réceptif: «La ministre de l’Éducation Kathleen Wynne [présente au congrès] a été saisie des conclusions du rapport et s’est montrée ouverte.

Elle a compris que les enseignants avaient besoin de temps pour mettre en oeuvre les programmes et a pris l’engagement d’en ralentir le rythme.»

Mais ce n’est pas Paul Taillefer qui aura à négocier avec les autres partenaires de l’éducation. Après quatre années passées à la tête de l’AEFO, il passe le flambeau à Benoît Mercier et posera ces prochains mois sa candidature au poste de président de la Fédération canadienne des enseignants.

Benoît Mercier, impliqué depuis longtemps dans l’AEFO, sait qu’il ne chômera pas: «La publication de ce rapport montre qu’il y a du pain sur la planche! Mais c’est stimulant, c’est tout un défi à relever!»

Publicité

Le congrès de l’AEFO a aussi été l’occasion de rencontrer plusieurs organismes pourvoyeurs de services en français, afin de réfléchir à des pistes de collaboration. «La pérennité de nos systèmes scolaires peut être mise à l’épreuve si on n’a pas une communauté vibrante autour de l’école, explique Paul Taillefer. Il faut donc faire la promotion de la communauté auprès des jeunes, montrer les débouchés professionnels qui existent dans la société franco-ontarienne.»

Pour l’instant, la rencontre entre l’AEFO et ces organismes n’était qu’un premier contact, voué à créer des liens. Mais Paul Taillefer espère que ce dialogue continuera dans les prochains mois.

Pour montrer ses capacités d’innovation, l’AEFO a aussi profité du congrès pour lancer officiellement le Réseau Échange, un outil permettant aux enseignants de partager leurs ressources pédagogiques et a également dévoilé les 70 fiches Femmes de vision.

Ces fiches biographiques présentent le profil de femmes franco-ontariennes qui ont fait ou qui continuent de faire leur marque dans divers domaines, de la politique à la musique, en passant par la recherche scientifique, la haute gestion ou l’enseignement.

Hélène Dallaire et Alain Lamoureux honorés

Le congrès 2008 de l’association a également souligné le dynamisme de deux de ses membres. La plus haute disctinction de l’AEFO, le Mérite franco-ontarien en éducation a été remis à une enseignante de l’école secondaire Macdonald-Cartier de Sudbury Hélène Dallaire et au syndicaliste Alain Lamoureux.

Publicité

Hélène Dallaire, passionnée de théâtre, a mis sur pied la troupe Les Draveurs, créé les Franco-olympiques destinés à promouvoir la langue française et lancé de nombreuses activités: ligue d’improvisation, ateliers sur les métiers des arts de la scène…

Alain Lamoureux a mené plusieurs batailles syndicales, faisant partie notamment de l’équipe qui, en 2004, a mobilisé les membres de l’AEFO pour obtenir la parité salariale avec les anglophones en organisant une manifestation provinciale.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur