L’animation culturelle, pilier de l’identité francophone

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Publié 26/02/2008 par Aline Noguès

Le mois dernier, Robert-Guy Despatie, responsable de l’animation culturelle du Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud (CSDCCS), recevait la médaille du mérite civique de l’Ontario.

Cette récompense souligne sa grande implication dans le milieu culturel francophone. Il gère depuis dix ans l’animation culturelle du CSDCCS et n’a eu de cesse de lancer de nouveaux projets, dont certains sont désormais bien implantés au sein de la communauté francophone, comme le festival de la chanson et de la musique en milieu scolaire Quand ça nous chante.

Mais à travers son engagement, c’est toute l’importance de l’animation culturelle au sein des conseils scolaires qui est mise en exergue. Dans chacun des conseils scolaires francophones, le service d’animation culturelle ne sert pas seulement à distraire les élèves. Il s’agit de bâtir et de consolider leur identité francophone et de les rendre fiers de leur appartenance culturelle.

Si pour le Conseil scolaire de district du Centre-Sud-Ouest (CSDCSO), l’animation culturelle commence à se structurer, c’est un pari qu’a lancé dès ses débuts le CSDCCS, malgré les difficultés.

Robert-Guy Despatie se souvient: «Au départ, ce n’était pas facile car il fallait faire nos preuves pour obtenir des subventions. Mais le conseil y a cru et a donné son appui tout comme la Fondation franco-ontarienne.»

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Aujourd’hui, le festival Quand ça nous chante en est à sa 5e édition et marche à guichets fermés.

Le service d’animation a aussi relancé le projet d’improvisation théâtrale L’Afolie, un festival qui était tombé en désuétude il y a quelques années. «Quand on croit à quelque chose, cela devient possible!» rappelle Robert-Guy Despatie, optimiste.

Et de l’optimisme, il en a bien besoin car sa tâche est difficile et le public adolescent n’est pas forcément le plus réceptif.

«Ce n’est pas évident de consolider cette identité car l’identité, c’est quelque chose de viscéral, ça vient de dedans. Un jeune, ce n’est pas comme une oie à gaver de francophonie! Lorsqu’on essaie d’obliger, on passe à côté, alors qu’en étant respectueux, les jeunes sont plus réceptifs. Ce que je leur offre, ce sont diverses activités et expériences pour qu’ils puissent se découvrir, cheminer. Le plus important, c’est que le jeune soit fier de ses racines francophones et développe un sens d’appartenance à la communauté.»

Et il semble que cela fonctionne: le camp organisé présentement par le service d’animation affiche déjà complet et une liste d’attente vient d’être ouverte!

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Pour Robert-Guy Despatie, Québécois de naissance et Franco-Ontarien d’adoption, ce travail aux côtés de quatre animateurs culturels est bien plus qu’un gagne-pain quotidien: «Je fais le plus beau métier du monde! J’ai l’impression de faire quelque chose d’utile, d’aider. C’est un métier qui m’a permis et me permet de me découvrir comme personne et de grandir en même temps que j’aide les autres. Promouvoir la langue, c’est me dépasser au niveau créativité pour tenir les jeunes animés.»

Son enthousiasme, il le tient de son attachement profond pour la francophonie ontarienne, découverte il y a 20 ans: «Au Québec, la francophonie était pour moi quelque chose d’acquis. Quand je suis arrivé ici et que j’ai vu que les gens devaient se battre pour défendre leurs droits, cela m’a fasciné. C’est ici que la fierté francophone a pris un sens pour moi, c’est l’Ontario qui m’a donné cette flamme.»

Et pour redonner à d’autres un peu de cette flamme, Robert-Guy Despatie met toute son énergie. Ses projets évoluent au fil des ans, pour occuper chaque année de nouvelles cohortes de jeunes aux goûts divers. Ses prochains projets? Lancer un festival d’arts visuels (peut-être pour l’année prochaine) ou encore toucher davantage les élèves des écoles élémentaires.

Malgré l’importance de l’enjeu de son travail, Robert-Guy Despatie l’aborde sereinement: «Ce que je fais, la promotion de l’identité, c’est un travail continu qui n’est pas gagné d’avance! Mais ce n’est pas un combat, c’est plutôt un beau défi!»

Le CSDCSO fait face aux mêmes enjeux de consolidation de l’identité francophone mais ne s’est lancé dans la «bataille» que plus récemment.

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Le Conseil public a bien eu deux animateurs culturels au tout début de son existence mais, comme l’explique Claire Francoeur, directrice des communications, des coupures budgétaires ont rapidement mené à leur disparition. La responsabilité de l’animation culturelle n’incombait plus qu’aux seules écoles. Il aura fallu la Politique d’aménagement linguistique pour relancer le service, avec cette fois un financement à long terme.

L’un des axes de cette politique, lancée en 2004 par le ministère de l’Éducation, est de favoriser la construction identitaire des élèves. L’animation culturelle est apparue comme un moyen d’arriver à cette fin et c’est ainsi qu’en 2006 le service a été créé, engageant huit animateurs sur toute la province, dont deux à Toronto: Karine Barrass pour les écoles primaires et Annik Chalifour pour les écoles secondaires.

Karine Barrass a mené ces derniers mois de nombreux projets axés sur l’art, la culture, la création personnelle, travaillant avec les enfants sur des tableaux, des photographies ou encore de la parfumerie. «Toutes ces activités artistiques, c’est en fait de la révélation de talents. Je veux qu’ils réalisent qu’ils sont doués dans quelque chose pour qu’ils aient plus confiance en eux. Et les enfants sont très réceptifs à ces activités.»

Au-delà de Toronto, malgré sa relative jeunesse, le service ne manque pas d’idées et d’activités. Le projet Authen-TIC intègre les nouvelles technologies aux salles de classe, le forum des jeunes qui se tiendra fin avril rassemblera diverses écoles, pour travailler sur le leadership des élèves, leur rôle au sein du conseil d’élèves, et pour travailler également sur les valeurs, dans un contexte multiethnique et multiconfessionnel.

Les écoles ont toujours la responsabilité de leur animation culturelle mais comme le précise Annick Gagnon, directrice des services pédagogiques en charge de la politique d’aménagement linguistique, «les animateurs sont là pour apporter un second souffle, d’autres idées, ils sont une valeur ajoutée».

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La construction identitaire est au coeur de l’animation culturelle du Conseil où, là aussi, on se démène pour garder les jeunes attachés à leur langue, à leur culture. «Il faut montrer aux jeunes qu’ils peuvent se faire une place dans un milieu minoritaire, explique Annick Gagnon.

Et plus on les expose à du leadership étudiant, plus on leur montre que c’est “cool” de parler français et plus ils vont accrocher. Je suis optimiste tout en sachant très bien que la construction identitaire, c’est l’affaire de toute une vie…»

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