«Désolé, j’ai une extinction de voix, vous aurez peut-être du mal à m’entendre!» L’entrée en matière est surprenante, mais a le mérite de lancer la conversation sur une note d’humour. Jane Birkin, si ce n’est un anecdotique handicap vocal, se prête avec plaisir au jeu de l’entretien. Les minutes passent, les sujets de discussion viennent naturellement… Elle maîtrise incontestablement l’art de faire vibrer la corde sensible chez son interlocuteur. Birkin, même sous un registre étiolé par son inflammation du larynx, possède dans ses cordes l’art de faire jouer son charme. Une british touch qui laisse sans voix…
Femme, muse, mère, artiste… Versatile, glamour, sensuelle, androgyne… Au fil de la carrière de Jane Birkin, substantifs et qualificatifs se sont succédé mais aucun n’est jamais parvenu à lui seul à saisir la quintessence du personnage. La bouleversante égérie glamour de la fin des années 60, que l’on avait connue fragile et effarouchée au bras du famélique Gainsbourg, dégage toujours cette insaisissable candeur qui lui est propre.
Actrice, comédienne, productrice, réalisatrice, scénariste, interprète ou auteure, Jane Birkin a cumulé les expériences artistiques avec plus ou moins de réussite. Mais plus qu’à travers ses propres créations – qui n’ont pas toujours reçu l’accueil escompté – c’est au crédit de sa polyvalence que l’on peut mettre son extraordinaire longévité.
Que l’on s’entende, pas question de remettre ici en cause le talent créatif de l’icône «franglophone»! Mais la fleur avait initialement éclos sous serre, dans l’ombre d’un épais baobab artistique au feuillage dense et mystérieux. Le plus grand mérite de Jane est cette capacité qu’elle a eu à s’extraire du rôle de muse gainsbourgienne auquel elle avait été confinée à ses débuts. Une prison dorée qui n’a pas manqué de lui jouer quelques tours sur le plan professionnel.
Dix-sept disques, treize rôles de composition, une pièce de théâtre et quelques scénarios plus tard, Serge Gainsbourg n’est plus, «Melody Nelson» non plus.