Ce pool qui n’existe pas

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Publié 15/01/2008 par Martin Francoeur

Ça ne va pas très bien avec mon pool de hockey. À deux niveaux. Premièrement, parce que mes joueurs ont ralenti leur production et deuxièmement parce que j’ai découvert qu’on ne peut pas utiliser l’expression «pool de hockey».

Mais voilà. Les «pools» sont tellement populaires qu’on n’entend à peu près jamais d’autres expressions pour désigner ce jeu basé sur des sélections de joueurs et qui tient compte du rendement offensif et des statistiques des hockeyeurs professionnels. Je suis moi-même amateur de hockey et je fais partie d’un «pool» de journalistes. J’ai bien dit amateur et non connaisseur…

C’est peut-être pour ça que je me retrouve à la mi-peloton depuis le début de la saison. Ni dans les meilleurs, ni dans les pires. J’ai bien quelques bons joueurs comme Ovechkin, Crosby, Sundin, Stastny, Brind’Amour, Staal… Mais j’ai aussi des joueurs moins performants. Je ne dirai pas des «lavettes» parce qu’un lecteur du Nouvelliste, l’autre journal pour lequel je travaille, me l’a déjà reproché. Mais voilà. Le «pool» de hockey m’amuse et il crée une saine compétition entre collègues.

La semaine dernière, j’apprenais qu’il ne fallait pas dire «pool de hockey». En fait, je me doutais un peu que l’expression était fautive parce que directement importée de l’anglais. Mais je n’avais pas vraiment d’idée de l’expression correcte. L’horreur.

Depuis le début de la saison de la Ligue nationale de hockey, je fais partie d’un «jeu du directeur général»…

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Évidemment, les dictionnaires usuels sont muets sur ce type de divertissement. J’ai alors dû m’en remettre à l’Office québécois de la langue française. Celui-ci recommande «jeu du directeur général», qu’il définit comme suit: jeu d’amateurs de sports se créant chacun une équipe fictive de joueurs de hockey professionnels dans le but de remporter une cagnotte commune en obtenant le maximum des points réellement accumulés par ces joueurs au cours d’une saison. On peut même employer le synonyme: «jeu du DG». C’est laid, non?

Dans son Grand Dictionnaire terminologique, l’Office québécois de la langue française nous dit que le terme «jeu du directeur général» a été proposé par le comité de terminologie de Radio-Canada. On insiste aussi sur le fait que l’anglicisme «pool de hockey» est à éviter. Mais je n’ai pas envie de l’éviter! Un pool, c’est un pool!

Que Radio-Canada et d’autres chaînes de télévision aient choisi de promouvoir l’usage des termes français corrects pour certains aspects du hockey ou pour certaines pénalités, je trouve ça tout à fait justifié. Je suis de ceux qui croient qu’on doit utiliser «rudesse excessive» pour parler du «boarding», d’ «assaut» pour désigner le «charging» ou d’ «avoir accroché» pour parler de «hooking».

Mais dans le feu de l’action, on «shoote», on fait un «slap shot», on «score», on marque des buts ou on obtient un «assist». On fait des «cross-check» ou on «slash»… Je devrais réécrire cette dernière phrase et dire: «Mais dans le feu de l’action, on lance au but, on décoche un tir, on ajoute un point, on marque des buts ou on obtient une aide. On fait des doubles échecs ou on cingle.»

Remarquez que nos oreilles s’habituent à entendre les bons termes. Des pénalités pour avoir retenu, pour bâton élevé, pour avoir accroché, pour inconduite, pour rudesse ou pour avoir dardé.

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Des situations comme le repli, le lancer de revers, la passe arrière, l’échec avant, la passe à l’aveuglette, le tir dévié, le hors-jeu ou le tir voilé… Tout ça fait de nous des amateurs de hockey qui s’approprient les subtilités de ce sport, en français.

Mais on dirait bien que, malgré toute la bonne volonté qu’il y a dans la traduction française d’un «pool de hockey», l’usage n’a pas encore consacré l’expression correcte dans la langue de Molière.

Peut-être que cela viendra. Entre-temps, je vais procéder à mes trois échanges pour gagner quelques positions au classement. Au classement de mon «pool», bien sûr.

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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