C’est une histoire bien complexe que celle du Père Noël, car elle s’enracine dans des mythes et des folklores christianisés par l’église catholique dans la figure d’un saint qui, au fil du temps, se transformera par une sorte de retour aux sources dans le personnage laïc et commercial que nous connaissons aujourd’hui. Et il faudrait toutes les pages du journal pour la conter en détail, en voici seulement les grands traits.
Il faut se rappeler que chez les Romains, à l’occasion des fêtes du solstice d’hiver – christianisées en Noël en 354 – on distribuait de petits cadeaux aux enfants (voir L’Express du 20 décembre 2005).
Il faut ajouter à ce tréfonds romain des éléments folkloriques scandinaves ou germaniques, comme ce petit homme âgé porteur de cadeaux, appelé julenisse, lutin de la fête du Jul ou du solstice d’hiver; ou le dieu viking Odin, descendait sur terre pour offrir des cadeaux aux enfants scandinaves, sous forme d’un vieil homme se déplaçant avec un traîneau tiré par des rennes; et les fantastiques chevauchées célestes des cavaliers Hellequin.
Il est difficile d’établir la mesure dans laquelle ces éléments folkloriques sont intervenus dans l’histoire du Père Noël, mais ils ont contribué à sa représentation. Ainsi, il aurait gardé la barbe blanche, le bonnet et les vêtements en fourrure du Julenisse.
Pour s’opposer à ces mythes païens et à leur célébration, l’église aurait introduit saint Nicolas en l’honorant le 6 décembre, peut-être pour remplacer une célébration de la déesse Lucina. Des peut-être, mais une certitude historique: «Saint Nicolas apparaît à tous comme l’ascendant légitime» du Père Noël, écrit la sociologue Martyne Perrot dans Le Père Noël. Un avatar de la Réforme et du capitalisme naissant.