Le Welland des francophones et des pro-francophones

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 20/11/2007 par Benoit Legault

Welland compte la plus grande communauté francophone de la péninsule du Niagara (5 600 personnes, 12% de la ville). Au total, la Péninsule compte 13 200 francophones (3,8% de la population régionale). L’îlot francophone de Welland survit et surprend, au passé et au présent.

La Péninsule du Niagara francophone est dynamique avec ses 40 organismes, ses quatre comptoirs de Caisses populaires, sa clinique médicale, ses six écoles élémentaires, ses deux écoles secondaires, ses deux écoles d’immersion et son campus du Collège Boréal. Le cœur francophone de cette région est Welland.

«Notre population francophone vieillit. Nos jeunes partent étudier dans les grandes villes et souvent ils ne reviennent pas. Les mariages mixtes sont le plus grand facteur d’assimilation, surtout quand la mère est anglophone», expliquait Lucie Huot, directrice générale de Club 2000 Niagara (club2000niagara.com), un organisme voué au développement économique et culturel francophone.

Une histoire récente

L’établissement des francophones à Welland est récent. «Au XIXe siècle, des francophones du Québec ont commencé à être recrutés pour travailler dans les usines de textiles de Welland. Une émigration canadienne-française importante a eu lieu durant la Seconde guerre mondiale», disait Mme Huot.

La population de langue française est passée de 1 000 à 3 000 entre 1940 et 1946. «Les francophones travaillaient comme opérateurs de machinerie lourde et comme manoeuvres dans des fonderies; des postes durs où on se salit les mains. Les francophones étaient très appréciés des employeurs, car ils travaillaient fort et n’étaient pas exigeants sur le plan salarial», ajoutait Mme Huot. Néanmoins, certains francophones ont réussi depuis à se bâtir des fortunes, dans les domaines de l’immobilier et de la construction notamment. Les riches francophones de Welland sont des gens discrets et leurs résidences ne paient pas de mine.

Publicité

The Rose City Pharmacie

Localisée dans le French Quarter de Welland, la Rose City Pharmacie constitue un cas unique. L’appellation Rose City (surnom de la ville de Welland) est bien sûr anglaise mais elle est suivie de Pharmacie, en français seulement! «Oui, j’ai eu quelques plaintes de clients anglophones. Mais ça ne m’a pas beaucoup dérangé. Dans le quartier de ma pharmacie, 65% des habitants sont francophones. Sans eux, je ne serais plus en affaires», explique le pharmacien-propriétaire Chris Bida, qui peut dire quelques mots de français sans être bilingue. Avec lui et sa pharmacie, c’est vraiment l’intention qui compte. Ni lui ni ses employés ne peuvent véritablement parler français aux clients, mais son ouverture inhabituelle, simplement par le nom de sa pharmacie, montre une belle ouverture au fait français.

Les temps ont bien changé, ici comme ailleurs dans la région de Welland. «Quand je suis arrivée ici, dans les années 1960, on ne pouvait pas toujours parler le français en public. Une fois, je parlais à une vendeuse canadienne-française dans un magasin et elle m’a dit: «Ne me parle pas en français, si on nous entend je pourrais perdre ma job, expliquait Lucie Huot. Il n’y plus d’animosité anti-francophones comme avant, au contraire. Mais aujourd’hui, tout est basé sur les rapports économiques. Si les francophones peuvent prouver que leur présence constitue un avantage économique, ils sont gagnants. Tous nos projets sont jugés strictement sur leur incidence économique. C’est aussi parfois frustrant quand on veut pousser un projet francophone plus culturel mais c’est comme ça.»

La soirée du hockey à Welland

Un autre exemple d’acceptation de la filière canadienne-française est donné par le club de hockey Junior B de Welland. Le club se nomme les «Welland Canadians» et son logo ressemble à s’y méprendre à celui des Canadiens de Montréal. «C’est certain que le choix du nom du club reflète l’amour que nous avons pour Montréal et le Canadien, de même que le respect que nous avons pour la communauté canadienne-française de Welland. Et il y a le fait que nous sommes tous des Canadiens», expliquait Louie Savona, président des Canadians de Welland.

«On hésitait entre les Canadians et les Voyageurs. Welland est comme une île entourée de l’eau de ses canaux, alors Voyageurs aurait été bon aussi et aurait aussi témoigné de la présence canadienne-française», poursuivait M. Savona. Il fait des affaires dans le domaine de la fabrication de vêtements, alors faire coudre des logos montrant le «W» de Welland dans le «C» du Canadien n’a pas été difficile, et ces logos sont très populaires, particulièrement auprès des Montréalais de passage.

«Nous n’avons pas de problèmes de marque de commerce, car notre logo ne reproduit pas exactement celui des Canadiens. Le nôtre n’est pas un «C» mais plutôt un fer à cheval, car nous jouons dans la Golden Horseshoe League», disait M. Savona qui est d’origine italienne.

Publicité

C’est la première année des Welland Canadians (qui remplacent les Cougars qui ont fait faillite). Il est peu probable que les Canadians fassent faillite, car ils attirent près de 900 spectateurs par match dans une aréna historique remarquablement restaurée par la Ville de Welland et dotée des meilleurs équipements par Louie Savona. Son équipe a même le potentiel de devenir une formation «culte», avec sa marchandise dérivée du «CH» de Montréal et sa chambre des joueurs qui reproduit partiellement celle de l’ancien Forum.

Incroyablement, Welland a une autre filiation directe avec le Canadien. Susan Morin, qui mène le partenariat Tourisme Franco-Niagara, basé à Welland, est la fille de Pierre «Pete» Morin, joueur du Canadien en 1941-42 et vedette des Royaux de Montréal de la fameuse Ligue sénior du Québec. L’aréna principale de Lachine, ville de naissance et de résidence du hockeyeur sur l’île de Montréal, porte aujourd’hui le nom de Pierre «Pete» Morin.

Tourisme Franco-Niagara

Pour des renseignements sur ce qu’on peut faire et voir en français dans la péninsule du Niagara, il faut d’ailleurs visiter le site de Tourisme Franco-Niagara – bonjourniagara.com.

Ce site magnifique est plein de renseignements. Il faut féliciter ses administrateurs de Tourisme Franco-Niagara. Cet organisme est le fruit d’un partenariat formé de Tourism Niagara, Entreprise Niagara et Club 2000 Niagara. Pour plus d’information sur ce projet, communiquez avec Susan Morin au 905-735-8085.

Auteur

  • Benoit Legault

    Journaliste touristique basé à Montréal. Collaborateur régulier au Devoir et à l-express.ca. Responsable de la rédaction de guides Ulysse. Benoit Legault a remporté plusieurs prix de rédaction touristique. Il adore l'Ontario et ses Grands Lacs.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur