… Je ne l’oublierais pas. C’est de cette prémisse que part Samuel Shene. Né en France en 1936 de parents juifs polonais, le petit Samuel a 6 ans lorsque son père et sa mère lui sont enlevés en pleine nuit par des gendarmes français. Ils ne reviendront pas d’Auschwitz.
La guerre lui volera également son petit frère âgé de quatre ans et demi. Le témoignage de ce survivant pourrait être un récit de plus dans un livre d’Histoire. Mais c’est en chair et en os que Samuel Shene, dans le cadre de la semaine d’éducation sur l’Holocauste organisée par la communauté juive de Toronto, est venu témoigner devant des élèves de 10e année de l’école Monseigneur de Charbonnel. Pour que l’on se souvienne. Et pour prôner le respect des différences.
«J’ai failli à ma tâche, je n’ai pas protégé mon petit frère.» Samuel Shene retient avec peine ses larmes à l’évocation de ce souvenir douloureux. De nombreux élèves, une boule dans la gorge, écrasent également quelques larmes. L’émotion est palpable dans la chapelle de l’école Monseigneur de Charbonnel.
Samuel Shene a raconté aux élèves son enfance douloureuse, l’envoi de ses parents dans les camps d’extermination, la mort de son petit frère, son changement de nom et son placement à la campagne dans une famille catholique, son exil en Israël à l’issue de la guerre…
Ne trouvant sa place nulle part, symptôme commun à de nombreux rescapés, il erre entre France, Israël et Canada.