Vivre l’expérience d’une salle dédiée à l’opéra

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Publié 06/11/2007 par Benoit Legault

Le Canada n’avait pas de vraie salle d’opéra avant l’inauguration du Four Seasons Centre for the Performing Arts l’an dernier. Le succès des spectacles présentés dans cette enceinte a été foudroyant. Certes, cette popularité est partiellement liée à la nouveauté d’un équipement culturel de cette envergure. Mais il demeure que de voir un spectacle dans un lieu de 2000 places à cinq balcons est une expérience à vivre, d’autant que l’acoustique et les perspectives sur la scène s’affichent parmi les meilleures au monde.

Le Four Seasons Centre (FSC) est une réalisation civique remarquable. Seulement 19% de son budget de fonctionnement 2007-2008 provient des gouvernements. Quarante pour cent de ce budget provient de la vente des billets, très chers d’ailleurs (les meilleures places coûtent environ 250 $ pour l’opéra et 200 $ pour le ballet). Le FSC est la résidence scénique de la Compagnie d’opéra canadienne et du Ballet national du Canada.

Néanmoins, le FSC ouvre ses portes aux jeunes avec des places à 20 $ pour les 15 à 29 ans à tous les opéras. Il y a aussi des places de dernière minute (rush tickets) vendues 20 $ (deux billets maximum, car elles sont très en demande) à qui se présente à 11h à la billetterie le jour d’une représentation. Ces formules permettent aux jeunes et aux non initiés de voir de l’opéra et elles favorisent la pérennité d’un public de l’opéra. D’ailleurs, pareilles formules ont cours en Allemagne, où la popularité de l’opéra ne se dément pas.

C’est d’ailleurs d’Allemagne que provient la matière première du plus long escalier de verre autoportant au monde (très impressionnant avec son éclairage intégré). Un autre trait caractéristique du FSC, ce sont des lattes de bois immenses qui permettent d’ouvrir le bâtiment sur la ville tout en assurant l’intimité des spectateurs.

Néanmoins, l’aspect extérieur du FSC a ses détracteurs. Selon Dominique Denis, critique musical de L’Express: «Le FSC est une grosse boîte noire qui arrive directement sur le trottoir, sans espace extérieur public qui créerait une synergie avec son milieu. C’est d’ailleurs le malheur de la plupart des grands bâtiments de Toronto; ils ne laissent pas de place à l’interaction avec l’espace public comme c’est le cas en Europe.»

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L’interaction en question, elle se passe dans le FSC. La grande aire ouverte attenante à l’immense surface de verre se nomme d’ailleurs City Room; on y voit la ville, la Tour CN notamment. Mais tout le monde n’a pas accès au FSC…

Il y a deux manières de visiter l’intérieur de ce Four Seasons Centre. On peut y voir un spectacle où on peut se joindre aux visites guidées d’une heure qui ont lieu les samedis à 11h45 et 12h, (sauf exception).

Les visites guidées coûtent 7 $ (elles sont gratuites pour les 12 ans et moins). Réserver est impératif, car même les visites affichent souvent complet! Les visites (en anglais seulement) s’arrêtent dans le hall, sur le parterre devant la scène et au 3e balcon. Il est dommage que les visiteurs ne soient pas amenés au 5e balcon, dont la perspective et les rangées plongeantes sont impressionnantes. Pas de visite non plus de l’arrière-scène, «pour des questions d’assurances», dit-on.

L’incroyable acoustique de cette salle fascine. Quelqu’un chuchote sur la scène et on l’entend au 3e balcon. De plus, les balcons semblent faire des vagues pour que la perspective sur la scène soit parfaite pour tous. Les formes commandées par l’acoustique sont d’une esthétique pure et classique.

Vide, la salle semble terne avec ses sièges gris et ses balcons de couleur coquille d’oeuf. Pleine, l’enceinte devient chaude et intime. Soixante-dix pour cent des spectateurs sont à 33 mètres ou moins de la scène. Même du 5e balcon, on vit très bien l’action et le son.

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On a pensé à tout lors de la planification de cet opéra du XXIe siècle. Soixante-six des 100 cabines de toilette sont destinées aux femmes, ce qui respecte les rythmes de la nature lors des intermissions. Par ailleurs, on suggère gentiment aux gens comment s’habiller. «Portez ce que vous voulez», peut-on lire dans une brochure, «nous encourageons le public à s’habiller avec finesse et individualité».

En vrac

• Des spectacles gratuits diversifiés sont présentés du mardi au jeudi, de 12h à 13h et/ou de 17h30 à 18h30, dans l’amphithéâtre Richard-Bradshaw, cette salle en escalier géant qui donne sur la grande façade de verre. Au programme: art vocal, piano, jazz, musique de chambre, rap/hip-hop, musique du monde et danse.

• La grande chaîne d’hôtels de luxe Four Seasons est basée à Toronto. Four Seasons a payé 20 millions de dollars pour «donner» son nom à cet édifice, et ce, pour l’éternité. Même le logo de la chaîne Four Seasons est affiché sur le mur extérieur du centre, ce qui est considéré de mauvais goût par certains.

• Renseignements: 416-363-8231, fourseasonscentre.ca, coc.ca et national.ballet.ca.

Nous tenons à remercier la Canadian Opera Company et VIA Rail pour leur collaboration à la réalisation de cet article.

Auteur

  • Benoit Legault

    Journaliste touristique basé à Montréal. Collaborateur régulier au Devoir et à l-express.ca. Responsable de la rédaction de guides Ulysse. Benoit Legault a remporté plusieurs prix de rédaction touristique. Il adore l'Ontario et ses Grands Lacs.

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