Le Canada n’avait pas de vraie salle d’opéra avant l’inauguration du Four Seasons Centre for the Performing Arts l’an dernier. Le succès des spectacles présentés dans cette enceinte a été foudroyant. Certes, cette popularité est partiellement liée à la nouveauté d’un équipement culturel de cette envergure. Mais il demeure que de voir un spectacle dans un lieu de 2000 places à cinq balcons est une expérience à vivre, d’autant que l’acoustique et les perspectives sur la scène s’affichent parmi les meilleures au monde.
Le Four Seasons Centre (FSC) est une réalisation civique remarquable. Seulement 19% de son budget de fonctionnement 2007-2008 provient des gouvernements. Quarante pour cent de ce budget provient de la vente des billets, très chers d’ailleurs (les meilleures places coûtent environ 250 $ pour l’opéra et 200 $ pour le ballet). Le FSC est la résidence scénique de la Compagnie d’opéra canadienne et du Ballet national du Canada.
Néanmoins, le FSC ouvre ses portes aux jeunes avec des places à 20 $ pour les 15 à 29 ans à tous les opéras. Il y a aussi des places de dernière minute (rush tickets) vendues 20 $ (deux billets maximum, car elles sont très en demande) à qui se présente à 11h à la billetterie le jour d’une représentation. Ces formules permettent aux jeunes et aux non initiés de voir de l’opéra et elles favorisent la pérennité d’un public de l’opéra. D’ailleurs, pareilles formules ont cours en Allemagne, où la popularité de l’opéra ne se dément pas.
C’est d’ailleurs d’Allemagne que provient la matière première du plus long escalier de verre autoportant au monde (très impressionnant avec son éclairage intégré). Un autre trait caractéristique du FSC, ce sont des lattes de bois immenses qui permettent d’ouvrir le bâtiment sur la ville tout en assurant l’intimité des spectateurs.
Néanmoins, l’aspect extérieur du FSC a ses détracteurs. Selon Dominique Denis, critique musical de L’Express: «Le FSC est une grosse boîte noire qui arrive directement sur le trottoir, sans espace extérieur public qui créerait une synergie avec son milieu. C’est d’ailleurs le malheur de la plupart des grands bâtiments de Toronto; ils ne laissent pas de place à l’interaction avec l’espace public comme c’est le cas en Europe.»