1,5 million de repas pour commémorer le génocide arménien

24 avril 1915

La déportation des Arméniens en 1915.
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Publié 24/04/2020 par Garo Jomoian

Le Comité national arménien du Canada (CNAC) encourage ses membres de faire un don au projet Les Cuisines solidaires de La Tablée des Chefs qui fournira plus de 1,5 million de repas aux banques alimentaires à travers le Canada, avec l’aide de différents partenaires, pour rendre hommage aux 1,5 million de victimes du génocide arménien perpétré par l’Empire ottoman (l’actuelle Turquie) en 1915.

Le massacre est connu comme le premier génocide du 20e siècle et est commémoré chaque année le 24 avril.

«Nous sommes fiers de notre partenariat avec cet organisme à but non lucratif», expliquent Hrag Tarakdjian et Shahen Mirakian, coprésidents du CNAC. «Nous croyons fermement que, alors que la communauté arméno-canadienne se prépare à marquer le 105e anniversaire du génocide arménien dans les circonstances actuelles, il est de notre devoir d’aider les Canadiens qui vivent présentement l’insécurité alimentaire, en l’honneur de nos 1,5 million de victimes.»

Mémorial dédié aux victimes du génocide à Erevan, capitale de l’Arménie.

Le «rassemblement» 2020 sera tenu en ligne

Normalement, les Canadiens d’origines arméniennes se seraient rassemblés à Ottawa pour rappeler le souvenir de leurs ancêtres et pour manifester leur gratitude au gouvernement canadien. Mais bien sûr à cause de la pandémie de CoViD-19, tous les événements publics ont été annulés.

Les Arméniens des quatre coins du monde vont tout de même rendre hommage aux victimes du génocide. «Nous avons préparé un programme virtuel qui se tiendra sur notre page officielle de Facebook ce vendredi 24 avril à midi, comprenant des massages de représentants de la communauté et de l’ambassadeur de la République d’Arménie au Canada», confirmée Sevag Belian, membre de CNAC.

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«Un documentaire sera également diffusé, mettant en évidence la réponse humanitaire du Canada au génocide arménien et aux survivants du génocide.»

«L’Arménie expire. Mais elle renaîtra. Le peu de sang qui lui reste est un sang précieux dont sortira une postérité héroïque. Un peuple qui ne veut pas mourir ne meurt pas.» C’est avec ces mots que l’écrivain français Anatole France avait décrit le drame de ce peuple du Caucase.

À Yarmouth, Nouvelle-Écosse: une statue de l’infirmière canadienne de la Croix-Rouge Sara Corning, responsable de l’évacuation d’orphelins arméniens vers un bateau américain en 1922.

Ennemi intérieur

En février 1915, l’Empire ottoman prend une décision drastique à l’égard des citoyens arméniens qui vivaient dans la région d’Anatolie. Profitant la Première Guerre mondiale qui fait rage, le parti au pouvoir de l’époque, le Comité Union et Progrès (CUP) plus connu sous le nom de «Jeunes Turcs», accuse les Arméniens de collaborer avec l’ennemi russe. Le régime ordonne la déportation des Arméniens «pour des raisons de sécurité intérieure» et la confiscation de leurs biens.

En 24 avril 1915, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Talaat Pacha, donne l’ordre d’arrêter les intellectuels arméniens. L’opération débute à Constantinople (Istanbul aujourd’hui). Dans la nuit du 24 au 25 avril 1915, plus de 250 personnes sont arrêtées et emprisonnées avant d’être exécutées.

Beaucoup d’Arméniens, Grecs et Assyriens sont tués dans leurs villes natales ou dans des camps réfugiés, brûlés vifs, torturés, noyés, empoisonnés ou plus tard victimes du typhus. Selon les estimations entre 1,2 million et 1,5 million d’Arméniens sont exterminés.

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105 ans après, la Turquie refuse toujours de reconnaître que ses ancêtres ottomans pourraient avoir commis un tel génocide.

Des cadavres d’Arméniens en 1915.

Les Arméniens au Canada 

La migration arménienne vers le Canada a commencé vers la fin du 19e siècle. En 1914, une première vague d’environ 2000 immigrants échappe à la persécution de l’Empire ottoman. Au Canada, ils s’installent surtout dans le sud de l’Ontario. Plusieurs d’entre eux trouvent du travail dans les usines de Brantford, Hamilton et St Catharines.

Une deuxième vague arrive après la Première Guerre mondiale. Il s’agit des survivants du génocide. La plupart de ces réfugiés étaient des femmes et des enfants, dont «les Garçons de Georgetown», une centaine d’orphelins qu’on fait venir au Canada pour s’installer dans une ferme achetée à leur intention près de Georgetown.

Des garçons en provenance de l’Arménie à Georgetown en 1925.

Une communauté engagée

Le Canada compte maintenant plus de 80 000 personnes d’origine arménienne, dispersées sur toutes les provinces, notamment en Ontario et au Québec.

C’est donc naturellement qu’ils vont s’insérer dans la vie politique et culturelle canadienne. Les talents d’un grand nombre d’artistes canadiens d’origine arménienne sont reconnus: le cinéaste Atom Egoyan, le photographe portraitiste Yousuf Karsh, l’animateur de Radio-Canada Patrick Masbourian…

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Le Centre communautaire arménien de Toronto (à North York, non loin des autoroutes 401 et 404).

La reconnaissance du génocide

Le génocide arménien a depuis longtemps dépassé la mémoire ethnique, c’est-à-dire ce n’est pas uniquement un crime commis contre les Arméniens et une tragédie arménienne, mais c’est une tragédie universelle.

Le reconnaître et le condamner ne sont que justice.

Le 21 avril 2004, le Parlement fédéral a reconnu officiellement et a condamné le génocide arménien comme un «crime contre l’humanité». Et c’est le 21 avril 2006 que le premier ministre Stephen Harper fait de même au nom du gouvernement.

Le 24 avril 2015, lors du centenaire du génocide, le Parlement fédéral adopte, avec le consentement unanime des toutes les formations politiques, une motion déclarant le mois d’avril comme «Mois du souvenir, de la condamnation et de la prévention» et désigne le 24 avril de chaque année comme «Jour commémoratif du génocide arménien».

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