Dans La vie libertine en Nouvelle-France au XVIIe siècle, paru en 1972, l’historien Robert-Lionel Séguin écrivait que «galanterie, libertinage et marivaudage ont leur place en la nouvelle comme en l’ancienne France. N’est-ce pas la marque de toute société normalement évoluée?»
Plus de 45 ans plus tard, dans Histoire populaire de l’amour au Québec (tome 1, avant 1760), Jean-Sébastien Marsan s’attarde à toutes les facettes de la vie intime en Nouvelle-France: séduction, couple, vie conjugale, divorce, bigamie, adultère, homosexualité, pornographie, prostitution, sans oublier le mode de vie des célibataires, veufs et veuves, religieux et religieuses, «vieilles filles» et «vieux garçons».
De sobriquets à noms de famille
Au premier temps de la colonie, séduire n’avait rien d’un loisir galant. «Le verbe, du latin seducere, signifiait détourner du droit chemin, corrompre et inciter à commettre le mal – spécifiquement, convaincre une chaste créature de se livrer à des relations sexuelles avant le mariage.»
Les surnoms et sobriquets en disent long sur le comportement des militaires séducteurs impénitents et évoquent leurs conquêtes amoureuses. D’abord sobriquets, Brindamour, Francœur, Jolicœur, Lamoureux, Lavigueur sont ensuite devenus des noms de famille.
Le tabou des tabous
L’ouvrage nous renseigne sur l’âge minimum pour se marier. Interdit de le faire avant l’âge de la puberté, fixé à 12 ans pour les filles et à 14 ans pour les garçons. On apprend aussi que la sodomie est «le tabou des tabous».
Et aussi que des paysans, voyageurs et militaires s’associaient pour exploiter une terre ou une entreprise, «s’installaient sous un même toit et vivaient comme un couple».