Le personnage principal de Gouverneur de la rosée de l’écrivain Jacques Roumain s’appelle Manuel. C’est un agriculteur revenu sur sa terre natale pour aider ses compatriotes à la cultiver. Ils attendent la pluie et Manuel, excédé, car lui sait où chercher la source, dit: «Ce que nous sommes? Si c’est une question, je vais te répondre: eh bien, nous sommes ce pays et il n’est rien sans nous, rien du tout. Qui est-ce qui plante, qui est-ce qui arrose, qui est-ce qui récolte? Le café, le coton, le riz, la canne, le cacao, le maïs, les bananes, les vivres et tous les fruits, si ce n’est pas nous, qui les fera pousser? Et avec ça nous sommes pauvres, c’est vrai, nous sommes malheureux, c’est vrai, nous sommes misérables, c’est vrai.»
Ce roman publié en 1944 parlait d’un nationalisme fondateur, celui des affamés. Les opprimés étaient miséreux, analphabètes et dominés par une classe de propriétaires terriens qui avaient droit de vie et de mort sur chacun d’entre eux.
Les Haïtiens de ces années ressemblaient dans leurs souffrances aux Français dans le royaume d’Henri IV ou aux Anglais avant la prise de pouvoir de Cromwell. Aujourd’hui, les citoyens français n’ont plus rien de gueux, encore moins les Écossais. Même les Haïtiens ont réussi à diminuer l’oppression d’antan de façon considérable. Ils ne sont pas au même niveau de liberté et de prospérité que les Occidentaux, mais ils y travaillent.
Le nationalisme a changé de sen
Toute cette évolution des peuples a fait en sorte que la notion de nationalisme a également changé de sens. Nous ne sommes plus du temps de la libération de l’Algérie sous l’occupation française dans les années soixante par conséquent quand on parle d’un mouvement politique œuvrant pour faire d’un peuple une nation, il faut le mettre dans un contexte spécifique.
La présence permanente de la Chine au Tibet est une occupation unilatérale d’un peuple par un autre empêchant ce dernier de prendre contrôle de sa destinée.