La sensibilité du 20e siècle au cabaret de l’Alliance française

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Publié 17/04/2012 par Jean-Philippe Chartré

C’est en entendant parler un matin, à la radio française de Radio-Canada, du nouveau livre de Jonah Lehrer portant sur les conditions de possibilités de ce qu’on appelle la créativité, que je me suis mis en tête de visiter le cœur culturel torontois pour m’y ressourcer, et peut-être y trouver un milieu culturel inspirant pour la suite de mon périple en Ontario.

Mon espoir de trouver une vie culturelle ici, dans ma région d’adoption, s’est ravivé le soir même. Je n’ai eu qu’à faire une heure et demie de route pour me retrouver à l’Alliance française, sur Spadina, où l’on présentait le spectacle de chant et de théâtre intitulé Chansons sur l’oreiller.

Ce fut un peu plus d’une heure de ressouvenir de la sensibilité française du 20e siècle. J’ai pu réentendre les poèmes chantés au temps jadis par Brel, Ferré, Gainsbourg et Reggiani, parmi bien d’autres. L’événement, visité par peut-être une cinquantaine de personnes, m’a permis de retrouver le goût d’un monde plus ancien, encore habité de préoccupations extra-économiques.

Le cadre du récit est une simple chambre évoquée par la présence d’un lit. Deux jeunes gens en tenue domestique décontractée s’y échangent des propos romantiques, exprimant tantôt la naïveté des débuts d’une «fréquentation coquine», tantôt l’orage de passion sombre qui caractérise la vie du couple moderne, pleine de coups fourrés et de déchirements.

De chanson en chanson, toutes accompagnées au piano, c’est un peu comme un récit de voyage amoureux, avec des temps cléments d’exubérance et d’idéalisation cédant à des périodes cycliques de querelles et de malaises.

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L’actrice et chanteuse Sophie Perceval a présenté au public une fraîcheur plaisante et une performance généreuse, sans rien de mécanique dans l’émotion.

Son amant, sur la scène, joué par Mitch Smolkin, dans la peau d’un homme romantique de bonne volonté, donnait à voir, de par son accent anglophone et son habileté à interpréter un morceau lyrique en yiddish, une sorte de contraste culturel, emblématique des couples cosmopolites des grandes villes contemporaines telles que Toronto.

Cette idée du tête-à-tête érotique des cultures France-Étranger m’aura rappelé l’idée de départ du spectacle de danse de l’actrice très franco-française Juliette Binoche et du danseur londonien Akram Khan.

J’ai trouvé le spectacle attachant aussi par ses quelques minimes imperfections qui renforçaient le côté intimiste du spectacle. Pour un moment je n’étais plus à Toronto, mais dans un café parisien, dans les années soixante-dix, en train de fumer des gitanes.

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