C’est en entendant parler un matin, à la radio française de Radio-Canada, du nouveau livre de Jonah Lehrer portant sur les conditions de possibilités de ce qu’on appelle la créativité, que je me suis mis en tête de visiter le cœur culturel torontois pour m’y ressourcer, et peut-être y trouver un milieu culturel inspirant pour la suite de mon périple en Ontario.
Mon espoir de trouver une vie culturelle ici, dans ma région d’adoption, s’est ravivé le soir même. Je n’ai eu qu’à faire une heure et demie de route pour me retrouver à l’Alliance française, sur Spadina, où l’on présentait le spectacle de chant et de théâtre intitulé Chansons sur l’oreiller.
Ce fut un peu plus d’une heure de ressouvenir de la sensibilité française du 20e siècle. J’ai pu réentendre les poèmes chantés au temps jadis par Brel, Ferré, Gainsbourg et Reggiani, parmi bien d’autres. L’événement, visité par peut-être une cinquantaine de personnes, m’a permis de retrouver le goût d’un monde plus ancien, encore habité de préoccupations extra-économiques.
Le cadre du récit est une simple chambre évoquée par la présence d’un lit. Deux jeunes gens en tenue domestique décontractée s’y échangent des propos romantiques, exprimant tantôt la naïveté des débuts d’une «fréquentation coquine», tantôt l’orage de passion sombre qui caractérise la vie du couple moderne, pleine de coups fourrés et de déchirements.
De chanson en chanson, toutes accompagnées au piano, c’est un peu comme un récit de voyage amoureux, avec des temps cléments d’exubérance et d’idéalisation cédant à des périodes cycliques de querelles et de malaises.