Les mouvements de protestation aux États-Unis et à présent au Canada manifestent contre les excès toxiques de la finance mondiale et le décalage entre les flux financiers et la création de richesse matérielle. Voilà du moins une manière de tenter de comprendre les motivations des manifestants.
Autrefois, la fonction de la finance dans la société était de rassembler des capitaux pour alimenter et concrétiser de grands projets d’infrastructure: ponts, canaux (Panama, Suez), voies ferrées (vers l’Ouest ici au Canada).
Le financier gagnait logiquement de l’argent (en plus d’un taux d’intérêt) pour rétribuer ses services, soit avoir rassemblé les capitaux, et en contrepartie du risque qu’il prenait. Car ces grands projets pouvaient échouer avec le risque de perdre sa mise de départ. Le financier contribuait à créer de la richesse concrète, palpable, pour le bienfait de l’ensemble de la collectivité: une plus-value matérielle.
De nos jours, les produits financiers sont devenus de plus en plus complexes. Ils finissent par faire gagner de l’argent de manière abstraite, sans bien souvent créer de richesse matérielle.
Qui plus est, les marchés financiers sont de plus en plus automatisés, gérés par des programmes informatiques. Ces algorithmes achètent et vendent au millième de seconde, en fonction du cours des actions et d’une logique de gains à court terme. Ces transactions sont sans aucun rapport avec l’actif sous-jacent: la santé des entreprises.