Ainsi selon certains messages télévises, avoir voyagé, venir ou revenir d’ailleurs, tel Michael Ignatieff, serait un obstacle à la fonction de leader du Canada.
Répondons à cela: «Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage… Et s’en est revenu, plein d’usage et raison, vivre entre ses parents le reste de son âge.»
Depuis l’Antiquité, le voyage au loin, hors du pays natal, revêtait au contraire une vertu éducative. Et si l’itinéraire initiatique mène «ailleurs», le retour s’effectue enrichi d’expériences formatrices et triomphant pour Ulysse, afin, disons le simplement, de faire le ménage à la maison.
La métaphore s’ajuste parfaitement à la condition du pays comme au parcours de Michael Ignatieff, «plein d’usage et raison», enrichi de ce qu’il a appris en Europe, à Harvard ou ailleurs, pour vivre entre ses concitoyens et les conduire sur un chemin digne, débarrassé des scories précédentes, des pesanteurs d’un gouvernement tristement minoritaire et sourd, vers des lendemains d’espoirs, une vision de renouveau, fertilisée au souffle des alizés variés de ses pérégrinations, chargée des moissons glanées en passant, instruite des conflits et solutions rencontrés.
C’est la garantie d’une pensée, élargie nourrie à l’état de la diversité, à la vraie dimension de ce pays vaste et contrasté, en syntonie avec tant de Canadiens venus «d’ailleurs» et cependant avec de bonnes racines dans nos provinces, d’Est en Ouest, dans nos deux langues et nos multicultures.