En refusant d’interdire le port du voile et tout autre signe religieux ostentatoire dans les services publics, les Libéraux majoritaires à Québec rendent un bien mauvais service à l’ensemble des musulmanes québécoises désireuses de travailler pour l’État.
Car, dorénavant, les gestionnaires seront réticents à les embaucher, même si elles se présentent sans voile à l’entrevue. Ils ne voudront pas prendre le risque de se retrouver avec un gros problème sur les bras. Vous imaginez une fonctionnaire voilée du ministère québécois de l’Immigration et des Communautés culturelles qui donne des entrevues à Hong Kong à des Chinois intéressés par le Québec?
Mais il y a plus. Il est connu que les fonctionnaires musulmanes voilées ont non seulement des difficultés à se faire accepter par des citoyens qu’elles servent, mais aussi par des collègues de travail, surtout de sexe féminin (le voile islamique étant un symbole de sujétion et d’oppression de la femme). Certains fonctionnaires refusent même de composer avec elles.
Cela crée un climat de travail pour le moins difficile. La pression exercée sur les musulmanes voilées est énorme. Quand, pendant toute la journée, 75 % des regards que vous croisez sont désapprobateurs, c’est dur sur le moral. Certaines craquent et obtiennent des congés de maladie.
Pour respecter des quotas établis, les gestionnaires doivent certes embaucher un certain pourcentage de membres de «communautés culturelles», mais ils privilégieront à l’avenir des «plus faciles à gérer» (pour utiliser leur jargon), avec pour conséquence que bientôt les musulmanes seront totalement exclues de la fonction publique.