Les événements qui se déroulent à Ottawa méritent qu’on jette la lumière sur ce qui est une situation sans précédent au Canada. Le Premier ministre Stephen Harper s’est mis dans une situation dramatique sans qu’on l’y incite. Quoique diront les historiens qui rédigeront des textes sur la tentative de renversement du gouvernement Harper, les commentateurs de tous bords reconnaissent que l’opposition au parlement canadien réagit à la suite d’un énoncé économique ouvertement belliqueux et revanchard à l’endroit des adversaires des conservateurs.
Monsieur Harper a trouvé bon d’insérer des mesures qui diminuent le financement des partis d’opposition, qui suspendent le droit de grève pendant deux ans chez les fonctionnaires fédéraux et gèlent la question épineuse d’équité salariale dans l’appareil de l’État. La ruée dans les brancard ne s’est pas faite attendre et le gouvernement Harper a une véritable coalition d’opposants qui n’attendent que le dépôt de l’énoncé économique pour voter une motion de non confiance.
Il faut dire que l’idéologue qu’est monsieur Harper ne s’est pas montré pressé d’annoncer de l’aide aux industries touchées par la crise économique mondiale, alors que c’est le cas dans le reste des pays industrialisés, de l’Australie à l’Allemagne en passant par les USA. Non, le Premier ministre, économiste de formation, prend son temps et promet de se pencher sur la question en janvier 2009 en prônant la réduction des dépenses et non l’influx de capitaux dans les industries au bord de la faillite.
Devant cette révolte à Ottawa, monsieur Harper a trois choix. Celui de suspendre le Parlement afin de calmer les esprits et éviter du même coup un vote de non confiance au moins jusqu’en janvier. Il peut également demander au Gouverneure générale Michaelle Jean de dissoudre l’assemblée canadienne et refaire des élections. Le troisième choix est d’accepter de donner sa démission. Par conséquent, tous les yeux sont tournés vers la Gouverneure générale qui doit soupeser les options pour le bien commun des Canadiens.
L’histoire du Canada est à la croisée des chemins car la personne qui occupe le poste est une femme noire, journaliste de formation, francophone, intellectuelle engagée. Les regards sur elle en disent long sur le pays. Les gens de l’Ouest n’avaient jamais pensé qu’une intellectuelle du Québec comme représentante de la Reine d’Angleterre déciderait du sort de leur parti favori. Les regards du centre du pays espèrent qu’elle donne une chance à la coalition d’opposants qui veut le pouvoir vu l’affinité que le centre a avec les libéraux. Ceux de l’Est sont surpris mais prêts à tous les scénarios car les conservateurs ont beaucoup déçus dans cette région et les blessures sont profondes.