Il y a quelques jours, j’ai accompagné ma meilleure amie et parfois un peu plus au département d’oncologie. Elle devait passer un scan et quelques heures plus tard, rencontrer son oncologue. Il y a plus de trois ans que Francine fait partie de ces survivants, mieux connus sous le nom de patients en rémission. Ce n’était pas la première fois que j’accompagnais mon amie dans ce département où l’espoir côtoie l’angoisse. Ma dernière visite remontait à plus d’un an.
Il y a quelques semaines, elle m’a appris qu’elle croyait palper des bosses à certains endroits de son corps et qu’elle allait devancer un rendez-vous avec son oncologue. C’est sans hésitation que j’ai décidé de l’accompagner, comme je le faisais tout au long de ses traitements de chimiothérapie.
Quinze jours après que j’ai fait la connaissance de cette femme alors dans la jeune cinquantaine, elle appris qu’un lymphome s’était installé dans son corps.
Deux ans auparavant, son compagnon de vie avait succombé à un cancer. Pour ma part, dans les douze mois précédents notre rencontre, en l’espace de quelques mois, ma mère avait succombé à un cancer du poumon et mon père à celui du pancréas. Au moment de sa mort, le visage de ma mère était une copie de la toile du peintre Munch, le cri.
Six ans après, il me revient encore régulièrement en tête. Mon père, lui, était parti sans bruit: nous étions seul, je lui tenais la main, il a esquivé un tout petit sourire et a traversé cette ligne si mince entre être ou ne plus être.
J’ai aussi vu le cancer, ce rat, aspirer toute force à Pierre, un solide gaillard mort à 45 ans, laissant derrière lui une fille de 12 ans et un fils d’à peine 1 an. Il y eu aussi la belle Lorraine dont les cheveux roux et la voix traînante me fascinaient. Aussi, beaucoup d’autres au fil des ans qui furent terrassés par le rat, celui qui bouffe les poumons, les seins, les muscles et qui laisse derrière lui peine, chagrin et colère.