L’Afrique du Sud vient de sortir, provisoirement du moins, d’une période de turbulences. Après avoir poussé vers la porte de sortie le président Thabo Mbeki, chouchou des institutions internationales, visionnaire et chantre de la renaissance africaine, mais mal aimé au sein de son parti, le Congrès National Africain, les dirigeants de ce parti ont joué la carte du changement dans la continuité.
Un leader conciliant, Kgalema Motlanthe, vice-président du parti, a été invité à prendre la place. Il s’est empressé de rappeler aux commandes certains ministres-clés de l’ancien gouvernement, qui avaient démissionné en guise de solidarité avec le président sortant.
Les marchés financiers étaient nerveux ; le rand, la monnaie nationale, commençait à perdre des plumes. L’inquiétude aura cependant été de courte durée. Trevor Manuel, le ministre des Finances à qui les analystes attribuent la stabilité de l’économie sud-africaine post-Apartheid et les taux de croissance constants (autour de 5%), a repris son poste. Tout est rentré dans l’ordre, après la prestation de serment de la nouvelle équipe, intervenue le 27 septembre.
Apparemment donc, tout est pour le mieux au pays de Madiba, le surnom affectueux donné par les Sud-africains à Nelson Mandela. Mais si on va au-delà des analyses de la presse, toujours prompte à célébrer l’ordre et la stabilité, on découvre un pays profondément déchiré, qui peine à solder les comptes de l’Apartheid et à panser les multiples blessures laissées par le régime raciste.
Thabo Mbeki, vient de quitter la Présidence après 13 ans au cœur du pouvoir sud-africain, dont 4 comme Vice-président à l’ombre d’un géant, Nelson Mandela. Ce dernier avait lui-même tiré sa révérence, avec une élégance exemplaire, après la fin d’un seul mandat. Mbeki avait hérité de la longue et lourde tâche de remplacer ce monument. Qu’il le veuille ou non, il ne pouvait pas ne pas apparaître comme un nain politique. Mais la façon dont il vient de quitter la scène politique fait de lui un héritier digne du grand homme, même s’il n’a pas écouté les mises en garde qu’il lui a faites.