Paris a eu Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Dans un autre registre, mais non moins captivant, Toronto a Pierre Léon et Monique Maury-Léon, anciens professeurs d’université spécialisés dans la linguistique et la phonétique du français, pouvant s’exprimer dans un langage de spécialistes destiné à un public d’initiés, mais aussi écrivains émérites publiant pour le grand public tant au Canada qu’en France.
Ces érudits de la langue française savent tous deux recourir à un style que je qualifierais de classique, à la façon d’un Molière ou d’un Racine, qui employaient les mots les plus simples, de tous les jours, pour rendre les sentiments et les idées les plus complexes. Quelle politesse et délicatesse de l’expression à l’égard des lectrices et lecteurs.
Pierre Léon, c’est à la fois le Rabelais de sa Touraine natale, Voltaire dans la critique spirituelle des travers de la société, La Bruyère dans l’observation pénétrante de la gente humaine et bien d’autres auteurs encore.
Mais je me trompe: Pierre Léon, c’est surtout Pierre Léon, un être original et à l’esprit indépendant, qui écrit en toutes lettres ce que d’autres pensent souvent en secret, qui a apporté et apporte encore beaucoup à la culture francophone. J’attendais avec impatience sa spirituelle et décapante rubrique hebdomadaire dans L’Express. J’attendais avec impatience la publication de ses livres.
Son épouse, Monique Léon, est toute en subtilité et générosité d’esprit. Elle a rédigé des livres sur la prononciation du français et d’autres sujets didactiques, mais, tout comme son mari, elle excelle aussi dans des récits bien construits, captivants, et rendant compte d’expériences et d’observations personnelles, comme sa description du débarquement d’Américains sur une plage de Normandie pendant la seconde guerre mondiale.