Heureusement, il y a le marché Jean Talon

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Publié 17/06/2008 par Jean Chenay

Il y a quelques jours aux informations télévisées, l’effroyable portrait d’un enfant africain pesant moins qu’un petit moineau anorexique. Il mourra dans quelques heures. Rapidement car le temps c’est de l’argent, on passe à la prochaine information. Une chroniqueuse culturelle nous présente un grand chef qui a préparé un extraordinaire festin pour mille personnes dans le cadre des célébrations de la semaine du Grand Prix de Montréal.

Le prix de cette orgie alimentaire: probablement assez pour nourrir pour un mois un millier d’enfants qui mourront cette nuit de malnutrition.

Ce matin 5h30 de mon balcon, j’aperçois la vielle dame qui régulièrement fouille dans les sacs à ordures des commerces de mon bout de quartier. Dix heures, je prends le métro afin de me rendre à la Grande Bibliothèque. Un américain accompagné de son épouse et de ses trois enfants discute avec une dame. Il lui apprend qu’il vient du Kansas, qu’il est à Montréal depuis quatre jours afin d’assister au Grand Prix.

Il réussit à glisser dans la conversation, et d’un timbre de voix costaud, que le tout billets d’avion, billets d’entrée au circuit Gilles Villeneuve, hébergement, nourriture et souvenirs devrait lui coûter au bas mot 3 500 $.

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J’ai mal au coeur, plutôt que de débarquer à la station Berri Uqam je continue jusqu’à Jean Talon. Je me rends au Marché du même nom, j’ai besoin de rencontrer du vrai monde de sentir que tout n’est pas fric et injustice. À ma gauche, une dame d’origine pakistanaise portant un chandail des Glorieux avec le nom de Kovalev bien en évidence. Derrière elle, deux octogénaires d’origine Italienne qui rigolent. À ma droite, un couple dans la trentaine; elle toute petite, lui très grands, qui se bécotent.

Devant moi, une dame bien en chair qui, installée derrière son comptoir, m’offre en souriant de déguster ses tomates. L’atmosphère est à la fête, le multiculturalisme qui me plaît tant dans cette ville me redonne la joie de vivre. Le coût de cette opération visant à contrer la déprime: 3 $, le prix d’un panier de tomates.

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