Le Liban est encore une fois sur le fil du rasoir. Le 21 novembre 2006, l’assassinat de Pierre Gemayel avait relancé la coalition anti-syrienne du 14 mars. En réponse, le Hezbollah et les chrétiens du général Aoun organisaient un vaste sit-in avec des tentes sous les fenêtres du Sérail, le siège du gouvernement libanais afin de réclamer la démission du Premier ministre Fouad Siniora.
Hasard ou coïncidence, ce 21 novembre, le Conseil de Sécurité des Nations Unies donnait son feu vert pour la création d’un tribunal international chargé de juger les assassins présumés de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, tué à Beyrouth, lors d’un attentat terroriste, le 14 février 2005.
Le parlement libanais devait ratifier ce projet. Or, au sein de ce parlement, les factions pro-syriennes ne veulent pas entendre parler d’un quelconque tribunal, puisqu’il mettrait en cause Damas, comme l’a démontré le rapport de la mission d’enquête de l’ONU, même si rien ne semble fiable.
L’imbroglio proche et moyen oriental, lié au conflit israélo-arabe, se double désormais de la variable irakienne. Variable car dans cette équation, l’Irak est devenu le creuset de tous les terrorismes. L’invasion américaine, présentée comme une guerre de libération, si elle a mis à bas le régime dictatorial de Saddam Hussein, n’a en rien réglé le problème régional. Comme beaucoup de pays multiconfessionnels de la région, si l’on considère tant les ethnies que les mouvances religieuses, l’Irak menaçait d’implosion.
Le totalitarisme d’un clan sunnite avait réussi à maintenir une cohésion forcée au prix d’une guerre régionale avec l’Iran, voulue et soutenue par l’Occident et l’Union soviétique, et des exactions régulières allant jusqu’aux massacres à l’intérieur du pays. En supprimant ce régime par la force sans lui proposer une réelle alternative, les États-Unis et leurs alliés ont réalisé le véritable tour de force d’une déstabilisation régionale dont personne ne peut prédire l’issue.